Les Œuvres complètes de D'Alembert (1717-1783)

Série V | Correspondance générale

Sélection de lettres

LETTRE 50.09   |   23 mai 1750
Maupertuis (Berlin) à D'Alembert (Paris)

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f. 92rBerlin du 23e may 1750

Je serois fort flatté si mon dernier ouvrage avoit votre approbation : ce que j'ai dit sur le mot de Force, je l'ai tiré d'un Memoire que j'avois fait depuis longtems et lû à notre academie : j'ai vu avec plaisir en lisant le Traité des Systemes de l'abbé de Condillac que je m'étois à peu prés rencontré avec lui sur cela, il n'y à personne avec qui je sois plus flatté de me rencontrer.

J'ai lu les Charactères de Me de Puysieux ; il est vrai qu'elle m'y traite assés desobligeamment : je suis faché que tout le monde dise à Paris et à Berlin que l'ouvrage est de M. Diderot ; si cela est il à grand tort avec moi ; si Me de Puysieux sans que j'aye l'honneur être connu d'elle me traite ainsi, c'est un Chien enragé.

Tout ce que vous me dites de Clairaut ne me surprend point : depuis mon voyage de Lapponie je le connois precisement tel que vous me le depeignés : j'en connois plus d'un qui ne font guères d'honneur à la Geometrie. Achevés votre ouvrage sur la Lune, et marchés sur le corps de tous ces gens. Fontaine qui à bien plus de sagacité que moi avoit connu Clairaut sans aller au Pole. Je n'ai point parlé à M. Euler de ce que vous me dites de votre Lune ; et je crois qu'il ne faut parler de ses affaires à personne.