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LETTRE 55.05   |   22 février 1755
Bollioud Mermet (Lyon) à D'Alembert (Paris)


Folio :

Copie de la Réponse à M. D'alembert sur sa lettre du 30 Janv. 1755.

M.

La société Royale voit avec peine par la lettre que vous lui avéz addressée, votre mécontentement contre le P. Tolomas : & le desir qu'elle a de vous obliger l'engage à vous fournir les éclaircissemens que vous éxigés d'elle.

La harangue que ce religieux prononça à l'occasion de la rentrée des classes, est du ressort des colléges. L'académie n'y a point assisté : Elle n'en a fait ni la lecture, ni l'examen, & n'en peut porter aucun jugement, parceque sa jurisdiction ne s'étend pas au delà des bornes de ses éxercices.

Pour vous prouver, néanmoins, M. que nous n'ignorons point les égards qui sont dûs à votre réputation, & à la supériorité de vos talens ; que nous sommes même empressés à vous procurer la satisfaction qui dépend de nous, la compagnie a fait lire votre lettre en pleine assemblée, & en présence de l'académicien dont vous vous plaignés. Il a protesté hautement qu'on l'avoit desservi auprès de vous : qu'il n'a jamais eû l'intention de vous offenser : qu'il est prêt à affirmer que son discours ne contient aucun trait qui puisse vous regarder personnellement. Il s'est enfin exprimé sur votre compte en des termes si décens, si honnorables, que l'académie n'a pas crû pouvoir prendre un meilleur parti, que de le charger (sur l'offre qu'il a fait) de vous écrire pour se justifier lui-même auprès de vous.

Voilà M. tout ce que je puis dire au nom de la société royale sur une affaire qui lui est totalement étrangere : dans laquelle elle n'est entrée que par considération pour votre mérite personnel, & pour le rang que vous tenés dans le monde savant.

Je suis avec respect &c.

P.S. Ne soyés pas surpris M. du retardement de la réponse de l'académie. Votre lettre dattée du 30 Janv. ne lui a été remise que le 14. du courant.

Envoyée le 22. fevrier 1755. & signée par M. Bollioud sécretaire perpetuel.