Minute avec corr. autogr. (Collection particulière, Genève. Copie datée » décembre 1765 «, 4 p., à Karlsruhe LBW, FA 5A Corr. 91, n° 26)
D'Alembert (Paris) à Benoît XIV (Rome)
Tres St. Pere,
La bonté singuliere dont Votre Sainteté vient de m'honorer, en faisant temoigner à l'academie de l'Institut de Boulogne qu'elle desiroit que cette illustre academie me choisit, contre ses loix ordinaires, pour un de ses membres, me penetre de la reconnoissance la plus profonde. Mais ce qui me rend surtout cette faveur precieuse, c'est l'occasion qu'elle me procure de mettre aux pieds de vôtre sainteté mon tendre et respectueux hommage. Son amour pour les lettres, et la gloire avec laquelle elle les a cultivées, montre a ceux qui par un zele barbare voudroient appuyer la foi sur l'ignorance, que le savoir bien loin d'être incompatible avec la religion, doit être au contraire un de ses plus fermes appuys ; Votre Sainteté après avoir éclairé par ses ouvrages le monde chrétien qu'elle gouverne, honore par ses vertus le Siege auguste sur lequel nos voeux la placoient longtemps avant qu'elle l'occupat ; pene-trée surtout de cet esprit de douceur et de paix qui fait le caractere le plus essentiel et le plus precieux du christianisme, elle apprend par sa conduite à ceux qui sont chargés de nous instruire, que le moyen le plus efficace pour faire pratiquer la religion est de la faire aimer. Puisse, très St. Pere, celui qui eleva votre Sainteté a la place la plus respectable de l'univers, y conserver longtemps pour la consolation et pour l'honneur de l'église le chef et le modele qu'il a bien voulu nous donner en vôtre personne. Je me prosterne aux pieds de votre Sainteté, et la supplie d'etre persuadé du très profond respect et de l'attachement filial avec lequel je serai toute ma vie. &c.