Copie manuscrite (Archives de l'Académie des sciences, Paris, Fonds La Condamine, 50 J)
D'Alembert (Paris) à La Condamine Charles (Rome)
recue le 26 nov. 1755 à Rome.
en rep. a la mienne.
Copie d’une Lettre de D’Alembert l’academicien à Mr de la Condamine.
Je suis charmé, mon cher confrere, que vous soyez content de l'Eloge que j'ai fait de notre pauvre president, Maupertuis en a fait un aussi qui paroit depuis quatre ou cinq jours, et que sans doute son agent et courtier l'abbé Trublet vous aura envoyé, ou vous envoyera. Quoique cet Eloge soit au nom des deux Editeurs, il n'y a que moi qui y ait mis la main, j'avois offert à Diderot de s'en charger, mais sa santé l'en a empêché. Notre cinquieme volume paroit, et je crois qu'on en sera content. Le Pape m'a fait une galanterie dont vous aviez (ou avez) sans doute oui parler. Je lui ay ecrit pour l'en remercier une lettre à m'attirer des indulgences, et je vous prie de veiller à ce que je ne sois pas frustré dans mon attente, il ne sera pas dit que Voltaire soit le seul serviteur de Dieu à qui son vicaire ait fait gagner le jubilé. Vous etes bien heureux d'avoir le tems et l'argent de voyager, pour moi je me suis trouvé si bien du mouvement de mon voyage à Wesel, que je voudrais passer ma vie sur [les] grands chemins, et ressembler aux Scythes, quorum claustra vagos ritè trahunt domos. L'academie est telle que vous l'avez laissée, l'anarchie et le decouragement y sont au comble, mais Mr d'Argenson se f... de cela, & moi aussi, comme de raison. Adieu, mon cher confrere, puissiez vous laisser votre mal de reins sur le tombeau des Sts apôtres, & n'en point rapporter d'autres à la place. Mes respects à mr et à made de Stainville.
à Paris ce 6 novembre 1755.