Manuscrit autographe (Genève, collection J.-D. Candaux)
D'Alembert (Paris) à Marin (Paris)
à Paris
Recevez, je vous prie, monsieur, tous mes remercimens, pour l’ouvrage que vous m’avez fait l’honneur de m’envoyer ; mes occupations ne m’ont encore permis d’en lire qu’une partie, qui donne, ce me semble, une idée très avantageuse de vos talens ; j’espere achever incessamment le reste, et je compte y avoir le même plaisir. Il y a lieu de voir que le succès de Julie seroit plus heureux, au moyen des changemens que vous y avez faits. Avec quelque modestie que vous parliez de vous mêmes vous n’avez pas à craindre d’être pris au mot. Mais ce qui doit surtout vous concilier tous les honnetes gens, ce sont les sentimens nobles qui vaguent dans votre ouvrage, et la maniere dont vous soutenez l’honneur des lettres, si malheureusement avilies, et par ceux qui les persécutent, & par ceux qui les protègent, et par ceux même qui les cultivent.
Je vous reitere, monsieur, les assurances de toute ma reconnaissance, et des sentimens d’estime et d’attachement avec lesquels j’ai l’honneur d’etre,
Monsieur
Votre très humble
& très obéissant serviteur
D’Alembert
Ce mardi au soir 19
P.S. Ne sachant pas votre demeure, monsieur,
J’ai pris la liberté de vous adresser cette lettre chez Mr. De Sartine.
A Monsieur
Monsieur Marin, censeur
royal et de la police, chez Mr.
le lieutenant general de police
rue neuve St. Augustin