Manuscrit autographe (Archives de l'Académie des sciences, Paris, pochette du mercredi 7 février 1770)
Despiau (Auch) à D'Alembert (Paris)
7 février 1770
Monsieur
Je prends la liberté de vous faire part de l’apparition d’une aurore boreale encore plus remarquable que [celle] qui pasat le 24 8bre dernier et que j’us l’honneur de vous annoncer. Le 28e de ce moix a environ six heures du soir le ciel parût tout enflamé vers le nort-quart-nort-ouest. Quelques minutes après toute la masse du phenomene fut dans une fermentation admirable. L’on voioit des jets de feu, des pyramides, des colonnes qui formoient le spectacle le plus varié. L’aurore s’etendit dabort depuis deux degres en dessus de l’etoile polaire et quatorze ou quinze en dessous, jusques aux constellations du signe et du vautour, de sorte quelles en etoient entierement couvertes. A six heures un quart, il parut au nort-nort-est une rougeur separée, en forme de segment de cercle, et qui couvroit toute la grande ourse ; alors celle qui paressoit de l’autre côté de l’etoile polaire s etendit encore si fort sur le dauphin, l’aigle [et] antinoüs, quelle aboutissoit a l’ouest-quart-nort-ouest de l’orizon. Dans l’aurore du vingt quatre octobre, je ne voiois pas les jets & les colonnes enlumines aussi frequament : je ne voiois pas aussis l’orizon bordé d’une zonne blanche comme il le parut le 18. Le phenomene s’affoiblissoit par intervalles et se reproduisoit quoique foiblement jusques a 10 heures et demi puis disparut entierement. La plus grande hauteur de l’aurore etoit vers l’etoile polaire, et de 60°. Le termometre etoit a de reaumur etoit a 3° ½ au dessus de la glace et le barometre a 29p. 8l.
J’ay reconu que la difficulté que je me f[ai]sois sur le systeme de Neuton, n’etoit qu’une illusion. Je serois [fla]té que l’academie voulut m autoriser par le titre de son correspondant a luy faire part des phenomenes que l’on peut observer dans ce pays. Vous ajouteries un nouveau titre a ma recognoissance. J’ay l’honneur d’etre avec respect
Monsieur
Votre tres humble
et tres obeïssant serviteur
Despiau prof. Phies
A Auch ce 20e janvier 1770
Un libraire de Toulouse offre a un de mes par[e]nts l’ancien exemplaire de l’enciclopedie pour 1000lt. Vaudroit-il mieux le prendre en achetant dailleurs le supplement que de se borner a la nouvelle edition ?