Monsieur

Je n'ai pas l'honneur d'être connu de vous ; mais la probité dont je fais profession m'oblige à rendre témoignage à la vérité auprès d'un honnête homme & d'un homme de mérite, à qui il importe de la savoir. Vous êtes, Monsieur, cet honnête homme et cet homme de mérite. J'apprends avec la plus grande suprise qu'on a cherché à noircir auprès de vous Monsieur Votre frere, par les calomnies les plus indignes. Je puis vous protester, Monsieur, que Monsieur votre frere tient à Paris la conduite la plus estimable, qu'il met son temps à profit pour s'instruire à fond, qu'il y a mérité l'estime de tous ceux qui le connoissent, & que la personne chez qui il s'est mis en pension, & que je connois particulièrement, est très estimable par ses mœurs & par ses talens. Je défie, Monsieur, les calomniateurs de Monsieur votre frere de prouver ce qu'ils ont avancé contre lui ; vous pouvez croire en sureté ce que j'ai l'honneur de vous dire ; je n'ai jamais trompé personne, & certainement je ne voudrois pas commencer par vous.

J'ai l'honneur d'être avec respect,

Monsieur,

Votre très humble & très obeissant serviteur

D'alembert

à Paris ce 7 juillet 1770

A Monsieur
Monsieur Vandermeersch, professeur de Théologie &c.
à Amsterdam