À M^r D’Alembert

Monsieur

Je ne connois point personnellement M^r Bianchi, & je ne me connois point du tout en Musique. Mais je suis prié de vous l’adresser ; par une Personne qui réünit ces deux connoissances ; & qui a de grands titres pour que je me prête à ses désirs. C’est une jeune & charmante Philosophe. Qui ; quelques heures avant la celebration de son mariage avec un Epoux de son choix ; a sû se derober, aux Sentimens aux Reflexions & aux Embarras dont elle etoit obsedée. le tems de m’ecrire à ce sujet, une Lettre des plus obligeantes & des plus pressantes.

“M^r Bianchi, m’y dit-elle entr’autres choses ; entend très bien la theorie & l’execution de la  Musique ; il est de l'Académie philarmonique de Bologne ; il veut se faire connoitre à Paris ; & personne ne peut mieux lui rendre ce service, que M^r D’Alembert, très grand Musicien lui-mêmeM^r ; &c.”

Peut-être, rencontrés vous quelquefois M^rs et M^me Necker ; M^me De Vermeroux, qui le connoit dit-on beaucoup. Si cela est : Voudriés-vous bien, Monsieur ; demander à cette dernière, ce qu’elle en pense ; & le repandre dans l’occasion.

On dit aussi : Qu’il se trouve actuellement à Paris, quelques Amateurs Napolitains ; qui en font beaucoup de cas, même comme Compositeur.

Je saisis cette occasion ; pour Vous repeter directement mes Remercimens ; de la Complaisance avec laquelle vous m’avés fait communiquer une Copie, de certains Fragmens de Lettres : Et pour Vous renouveller les assurances, du Devouëment respectueux de

Vôtre

À Genève, ce 8^me Janvier 1774.