J'ai été témoin, Monsieur, hier dimanche matin, d'un fait dont il me paroit necessaire que M^r. le Curé de S^t. Roch soit instruit. Une pauvre femme vendoit du raisin dans la rue S^t. honoré au dessous des marches de l'Eglise. Comme ces marches sont fort éloignées de la poste, j'ignore si le Suisse avoit ordre d'empêcher que cette femme ne fût en cet endroit de la rue ; mais certainement il n'en avoit pas de faire piller, comme il a fait, une partie du raisin de cette pauvre femme par de petits polissons qui etoient sur ces marches. Je ne puis, Monsieur, m'adresser mieux qu'à vous, pour vous prier d'informer M^r. le Curé de cet acte de vexation que j'ai vu, et dont tous les passans ont été indignés ; son intention n'est certainement pas que les pauvres soient pillés à la porte de son Eglise par ordre du Suisse.

J'ai l'honneur d'etre avec le plus respectueux attachement,

Monsieur

Votre très humble
& très obeissant serviteur
D'alembert

ce lundi matin 3 octobre

A Monsieur
Monsieur l'abbé de Germanes à la Communauté de S^t. Roch
rue neuve S^t. Roch