Manuscrit autographe (Genève, collection J.-D. Candaux)

LETTRE 81.55   |   27 septembre 1781
D'Alembert (Paris) à Rochefort d'Ally Jacques

Folio :

À Paris ce 27 sept. 1781

Il y a huit à dix jours, mon cher ami, que Mr. de Breval m'a remis votre paquet. J'en ai lu toutes les lettres, et je les ai remises ensuite à Panckoucke pour les faire copier, en lui recommandant le plus grand soin, & le priant de me les remettre ensuite. Il faudra un peu de temps pour cette copie ; je la conserverai pretieusement, jusqu'à ce que vous m'indiquiez une voie pour vous la renvoyer.

Je n'ai point parlé à Panckoucke de l'exemplaire que demande Mr. de Breval ; cette demande, entre nous, me paroit un peu forte, et assurément on n'en donnera pas à tous ceux qui ont remis les lettres que Mr. de Voltaire leur a ecrites. D'ailleurs ce seroit plutôt à vous qu'à lui, qu'il faudroit le donner. Quoique j'aie fourni bien d'autres lettres pour cette édition, je n'ai pas osé demander un exemplaire pour moi à ce titre. Au reste, je n'ai rien dit de tout cela à Mr. de Breval. C'est à vous à lui faire entendre raison, si vous le jugez à propos.

Je commence à avoir assez bonne opinion du [Cesar] Joseph, depuis qu'il se met à malmener les moines, et à reduire les Pretres aux vrais devoirs de leur état. C'est au Roi de Prusse & à l'exemple qu'il donne aux autres souverains, que nous devons ces entreprises Impériales, et anti-Papales.

Dites mille choses pour moi à votre cher enfant, et assurez le que je l'aimerai de tout mon cœur, si vous me mandez que vous etes content de lui. Ma santé est en ce moment assez bonne. Conservez la votre, mon cher ami, & conservez moi en même temps votre pretieuse amitié. Soyez bien sur que j'y reponds par toute la tendresse de la mienne. Vale et me ama. Tuus ex animo. D'alembert