Né à Lyon, paroisse St-Nizier, le 29 août 1713, il est fils de Martin Audra, marchand, et de Catherine Blanchard, a pour parrain Joseph Merle, marchand à La Rochelle, pour marraine Françoise Rolland, femme de Joseph Diaque, marchand (Registres paroissiaux, Lyon St-Nizier, 1GG67). Il est décédé à Toulouse, paroisse de la Daurade, le 17 octobre 1770 (Registres paroissiaux, Toulouse La Daurade). Il reçoit à Lyon les ordres mineurs, puis entre 1733 et 1735, il part étudier la théologie à la Sorbonne à Paris. Revenu bachelier à Lyon en 1739, il se voit conférer le sous-diaconat le 19 décembre de la même année, puis le diaconat le 11 juin 1740. Il demeure alors rue Tupin, paroisse St-Nizier. Ayant postulé à un bénéfice, il devient chanoine baron du chapitre de Saint-Just en 1742. A Saint-Just, il est en 1745 « promoteur de la justice du glaive du chapitre de Saint-Just », en d'autres termes procureur de la juridiction chargée du maintien de la discipline ecclésiastique (Almanach de Lyon de 1745, p. 14). Ses revenus sont alors assurés.
Entré à l'Académie des beaux-arts le 24 mars 1751, il lit un premier mémoire le 22 décembre, où il fait un compte rendu élogieux des apports scientifiques des Abassides, en particulier de l'algèbre. Le second mémoire, relatif aux miroirs ardents d'Archimède est lu le 28 décembre 1752. Il y discute les points de vue ou expériences proposés par Descartes et Buffon (inspiré par l'écrit de ce dernier dans les Mémoires de l'Académie royale des sciences de Paris pour 1747, imprimés en 1752). Après sa démission de l'Académie en 1755, pour soutenir la plainte de D'Alembert contre le père Tolomas, on ne sait rien de ses activités, sinon à Saint-Just.
Il est en relation avec l'abbé Morellet, D'Alembert et Voltaire (qu'il a probablement rencontré à Lyon en 1754). Voltaire parle d'Audra comme d'un « parent et ami de l'abbé Morellet, docteur de Sorbonne comme lui » (lettre du 3 mars 1770). D'après la correspondance de Voltaire, il est à Toulouse dès novembre 1768, titulaire en 1769 d'une chaire d'histoire et de religion au collège de Toulouse (en restant chanoine de Saint-Just, mais remplacé pour la « justice du glaive »). Il correspond alors avec Voltaire et lui demande conseil sur la manière d'enseigner l'histoire, et, à la demande du défenseur des Calas, le soutient dans sa défense de l'innocence du protestant Sirven, acquitté en novembre 1769. Début 1770, il publie le premier volume d'un ouvrage d'histoire destiné à l'enseignement, Histoire Générale à l'usage des Collèges depuis Charlemagne jusqu'à nos jours, explicitement tiré de l'Essai sur les mœurs de Voltaire, qui appelle maintenant Audra « mon cher philosophe ». Le scandale est immédiat, l'abbé ne veut pas démissionner de son poste de professeur et l'archevêque de Toulouse, Loménie de Brienne (dont Voltaire pensait qu'il protègerait Audra), condamne finalement l'ouvrage, sans nommer l'auteur, dans un mandement daté du 26 août 1770 (entre son élection et sa réception à l'Académie française). Audra, profondément affligé par ce mandement d'après les contemporains, meurt d'une « fièvre maligne » en quelques jours, le 17 octobre de la même année. Voltaire écrit à D'Alembert, le 23 novembre 1770 : « J'ai d'abord à vous dire, que votre archevêque de Toulouse, si tolérant, a fait mourir, par son intolérance, le pauvre abbé Audra, l'intime ami de l'abbé Mords-les, et le mien. Il a fait un mandement cruel contre lui, et a sollicité sa destitution de sa place de professeur en histoire, qui lui valait plus de mille écus par an. Cette aventure a donné la fièvre et le transport au pauvre abbé, il est mort au bout de quatre jours ». Académie de Lyon : Membre « libre » de la classe des mathématiques de l'Académie des beaux-arts, alors appelée Société royale, le 24 mars 1751. Il prononce son remerciement le 31 mars. Dans le cadre de l'affaire Tolomas, il démissionne de sa place d'académicien ordinaire par une lettre du 28 février 1755 (Lyon Acad. Ms 268 II, f. 148), lue par Alleon Dulac à la séance du même jour. Son décès n'est pas annoncé à l'Académie en 1770.
Histoire générale à l'usage des collèges, depuis Charlemagne jusqu'à nos jours... t. 1, Toulouse, Dalles et Vitrac 1770. - Audra, proche de l'intendant de la généralité de Lyon, La Michodière, a-t-il eu un rôle dans l'ouvrage publié par Messance, receveur des tailles de l'élection de Saint-Etienne, sous le titre Recherches sur la population des généralités d'Auvergne, de Lyon, de Rouen et de quelques provinces et villes du royaume, avec des réflexions sur la valeur du blé tant en France qu'en Angleterre depuis 1674 jusqu'en 1764, Paris, Durand, 1766 ? La question n'a pas été tranchée.
Dissertation sur l'établissement et les progrès des sciences chez les Arabes, présentée le 22 décembre 1751, Lyon, Acad. Ms 158, f. 96-104. - Dissertation sur les miroirs d'Archimède, présentée le 28 décembre 1752, Lyon, Acad. Ms 158, f. 53-58.
Léon Lévy-Schneider, « Un Lyonnais oublié : l'abbé Audra (1713-1770), Revue d'Histoire de Lyon, VII, 1908, p. 321-347, qui corrige toutes les erreurs des notices précédentes (Delandine, Breghot, Michaud) et apporte de nouvelles informations. Informations reprises dans la notice de Michel Taillefer, Bibliotheca tholosana (site d'édition).
Notice de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon
par Michel Dürr, Dominique Saint-Pierre, Irène Passeron, Pierre Crépel et Françoise Launay,
dernière mise à jour le 19/11/2014.