Bourgelat, Claude Pierre

né à Lyon le 11 novembre 1712, mort à Paris le 3 janvier 1779

Famille

Fils de Charles Pierre Bourgelat (†1719), marchand de tissus (associé à Sabot), échevin de Lyon 1706-1707 ; et de sa seconde épouse Geneviève Terrasson (†1723). Trois sœurs, dont Anne, épouse en 1723 d’Etienne Prost de Grange Blanche ; d’où six enfants. Un demi-frère né du premier lit de son père, Barthélemy (1684-1721), époux en 1720 de Françoise Julien Artaud.

Epouse 1) le 20 octobre 1731, Elisabeth Cochardet de Chiseul, sans descendance ; 2) le 4 février 1733, Julie Adélaïde Trusson (née en 1741), veuve de Jacques Pierre Proa ; d’où Abdon Casimir (1775-1776) et Arsène-Laure, épouse de Philippe Guillemot d’Alby.

Formation et carrière

Avocat au barreau de Lyon, 1733.

Ecuyer du Roi tenant l’Académie d’équitation de Lyon à Ainay, 29 juillet 1740 ; inspecteur des Haras de la généralité de Lyon, 1757-1768 ; détenteur pour quinze ans du privilège des carrosses et fiacres publics sur la place de Lyon, 21 octobre 1760 ; fondateur à Lyon de la première école vétérinaire de France, par arrêt royal 4 août 1761, ouverture 13 février 1762. Inspecteur de la Librairie de Lyon, 20 janvier 1760-12 juillet 1764 ; adresse à Malesherbes un mémoire sur les contrefaçons d’Avignon et de Rouen, 30 janvier 1760 ; adresse à Sartine un rapport sur l’état du commerce de la librairie lyonnaise, 24 décembre 1763.

Nommé par arrêts royaux directeur et inspecteur général de toutes les écoles vétérinaires du royaume, 1er juin 1764 ; et commissaire général des Haras du royaume, 2 juin 1764 ; renonce à la direction de l’Académie d’équitation de Lyon pour s’installer définitivement à Paris, mars-avril 1765 ; fonde une nouvelle école vétérinaire à Paris, mai 1765 ; l’installe dans le domaine d’Alfort, octobre 1766 ; y ouvre des répétitions soit des cours gratuits dominicaux, novembre 1767 ; publie un recueil de Règlemens pour les Ecoles royales vétérinaires de France, 1777.

Correspondant de l’Académie des sciences (présenté par Malesherbes), 6 septembre 1752 ; y présente deux mémoires, l’un d’eux sur un « nouveau système de cavalerie », 1760. Membre de l’Oekonomische Gesellschaft de Berne, 1763 ; de l’Académie royale de Prusse, 28 août 1764 ; de la Société royale d’agriculture de Paris.

Bibliographie primaire

Membre de l’Académie des sciences, Bourgelat a également régulièrement contribué à l’Encyclopédie, volumes IV, V, VI et VII.

Nombreux ouvrages, notamment Le Nouveau Newcastle ou Nouveau traité de cavalerie, 1744 ; Elémens d’hippiatrique ou Nouveaux principes sur la connoissance et sur la médecine des chevaux, 1750-1753, 3 vol. ; Réflexions sur la milice et sur les moyens de rendre l’administration de cette partie uniforme et moins onéreuse, 1760 ; Matière médicale raisonnée, 1765 ; Elémens de l’art vétérinaire, 1766-1769, 5 part. ; Essai théorique et pratique sur la ferrure, 1771.

Aucun fonds d’archives connu. Nombreuses lettres réunies à Lyon, BM, coll. Charavay 120.

Collaborateur de l’Encyclopédie (environ 235 articles signés dans les tomes V, VI et VII), 1754-1757.

Bibliographie secondaire

Léon Moulé, « Correspondance de Claude Bourgelat », Bulletin de la Société centrale de médecine vétérinaire, 1911-1918, en douze livraisons.

Deux thèses présentées à l’Université Claude-Bernard de Lyon : Jean-Michel Krawiecki, Bourgelat écuyer, 27 mai 1980 ; André Nigron, Contribution à l’étude de la vie, de l’œuvre et de la personnalité de Claude Bourgelat, 18 juin 1980 (Ecole nationale vétérinaire de Lyon, année 1980, n° 47 et n° 52).

Kafker –Kafker, 1988, p. 67-71.

Jack Bost, Lyon berceau des sciences vétérinaires, Lyon, 1992.

Evénements dalembertiens

Bourgelat apparaît dans la correspondance de D’Alembert conservée début 1755, dans le contexte de l’affaire Tolomas : le 30 novembre 1754 à la rentrée du collège de la Trinité, ce père jésuite avait prononcé un discours contre les philosophes et encyclopédistes, attaquant nommément D’Alembert, auteur de l’article COLLEGE (« nec pater, nec res »). C’est du moins ce que rapporte Bourgelat, dès le 2 décembre, à Malesherbes, directeur de la librairie et son correspondant à l’Académie des sciences (lettre publiée en annexe V-2).

Il est probable que Bourgelat avait également écrit à D’Alembert, avec lequel il était sans doute en correspondance pour ses articles de l’Encyclopédie qui paraissent dès 1754 (tome IV), et peut-être même été, dès 1752, son informateur pour les mémoires intéressants lus à la Société royale de Lyon et dont on trouve l’écho dans l’Encyclopédie (article CRETIN). L’information sur le discours de Tolomas avait rapidement circulé, puisque Voltaire s’en fait également l’écho dans une lettre du 6 décembre à un avocat de Colmar, Dupont. L’affaire suscite de nombreux échanges avec la Société royale de Lyon (55.03, 55.04, 55.05, 55.06, 55.07, 55.08, 55.09, ces deux dernières à Bourgelat) et fait même l’objet de publications : Commerce de lettres entre Mr D’Alembert et la Société royale de Lyon, Genève et Lyon, 1755 (probablement par Bourgelat à l’instigation de D’Alembert) ; Pro scholis publicis, adversus Encyclopaedistas dicet alter rhetorum, in aula collegii S. S. trinitatis S. J., Ludguni, typis Amati Delaroche, colleg. S. S. trinit. typ., s. d.

Si cette affaire a rapproché D’Alembert et Bourgelat, elle ne fait pas de Bourgelat un « frère » au sens utilisé par D’Alembert et Voltaire pour désigner les bons compagnons de la « lutte contre l’infâme ». Bourgelat n’apparaît dans la correspondance de Voltaire qu’en 1760 où celui l’appelle « Hippophile Bourgelat ».

Lorsque D’Alembert va rendre visite à Voltaire pendant l’été 1756, il dit ne voir à Lyon que quelques amis, probablement (là aussi, nous n’avons pas de traces) Bourgelat.

Les lettres de D’Alembert à Morellet (57.26 et 57.28) font allusion à une correspondance suivie avec Bourgelat, à des prêts de livres sur le commerce, au procès de Bourgelat avec Bartoldo, qui ne nous est pas parvenue. Diderot (lettre publiée en annexe V-3) se plaint à Grimm le 1er mai 1759 que Bourgelat, Turgot et Morellet conspirent avec D’Alembert pour continuer l’Encyclopédie loin de Paris.

Sur la recommandation de La Michodière, Malesherbes nomme Bourgelat censeur de la nouvelle édition des Mélanges d’histoire, de littérature et d’histoire que D’Alembert fait publier par Bruyset à Lyon en 1759 (extraits publiés en annexe V-3). Bourgelat jouera encore le rôle d’intermédiaire entre D’Alembert, Bruyset et la direction de la librairie, c’est-à-dire Malesherbes, au moment de la seconde édition des Elémens de musique et des échanges avec Roussier en 1761 (61.10).

D’Alembert le recommande à Tressan, en pleine affaire Palissot (60.17). Incontournable pour la circulation des livres à Lyon, Voltaire s’adresse en 1763 à Bourgelat par l’intermédiaire de D’Alembert pour faciliter la circulation de son Traité sur la tolérance (63.84, 63.85, 63.87, 64.03, 64.05), puis de la Destruction des jésuites de D’Alembert (65.13 et 65.14).