Sélection de lettres
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    [Imprimé 1799] (affichée) | |||||
Œuvres posthumes de D'Alembert, tome premier, Charles Pougens, Paris, 1799, p. 422-423
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    [Imprimé 1805] | |||||
Œuvres philosophiques, historiques et littéraires de d'Alembert, Paris, J.F. Bastien, 18 vol., 1805, XIV, p. 404-405
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    [Imprimé 1865] | |||||
Correspondance complète de la marquise du Deffand avec ses amis, éd. M. [Adolphe] de Lescure, Paris, Henri Plon, 1865, p. 187
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Montesquieu (Bordeaux) à D'Alembert (Paris)
p. 422Bordeaux, ce 16 novembre
Vous prenez le bon parti, monsieur ; en fait d'huître on ne peut faire mieux. Dites, je vous prie, à Mme. Dudeffand, que si je continue à écrire sur la philosophie, elle sera ma marquise. Vous avez beau vous défendre de l'académie : nous avons des matérialistes aussi, témoin l'abbé d'Olivet qui pèse au centre et à la circonférence, au lieu que vous, vous ne pesez point du tout. Vous m'avez donné de grands plaisirs : j'ai lu et relu votre Discours préliminaire ; c'est une chose forte, c'est une chose charmante, c'est une chose précise ; plus de pensées que de mots, du sentiment comme des pensées, et je ne finirois point. Quand à mon introduction dans l'Encyclopédie, c'est un beau palais où je serois bien curieux de mettre les pieds ; mais pour les deux articles démocratie et despotisme, je ne voudrois pas prendre ceux-là. p. 423J'ai tiré sur ces articles, de mon cerveau, tout ce qui y étoit. L'esprit que j'ai est un moule, on n'en tire jamais que les mêmes portraits : ainsi je ne vous dirois que ce que ce que j'ai dit, et peut-être plus mal que je ne l'ai dit ; ainsi, si vous voulez de moi, laissez à mon esprit le choix de quelque article : et si vous voulez, ce choix se fera chez Mme. Dudeffand avec du marasquin. Le père Castel dit qu'il ne peut pas se corriger, parce qu'en corrigeant son ouvrage il en fait un autre : et moi je ne puis pas me corriger, parce que je chante toujours la même chose. Il me vient dans l'esprit que je pourrai prendre peut-être goût, et j'éprouverai bien que difficile est propriè communia dicere. Adieu, monsieur ; agréer, je vous prie, les sentimens de la plus tendre amitié.