f. 1rA Monsieur D'Alembert
celebre et savant Academicien

Monsieur

Je m'estimerois heureux si vous vouliez bien me faire l'honeur de lire pour moi à l'Academie des Sciences ; ce mémoire metéorologique sorti de ma pauvre plume que je prends la liberté de vous presenter à ce sujet. Memoire dans lequel je donne la description de la Machine de Marly ; et de mes instruments metéorologiques, j'y explique la construction et les raisons d'un anemoscope, j'y rapporte les observations et les experiences que j'ai faites avec mes instruments ; et les conclusions que j'en ai deduites, et enfin j'y propose mes idées sur le sistéme metéorologique de la nature ; et mes vûes sur la salubrité de l'air. Je ne puis rien faire de mieux que de demander une indulgence en faveur de mon miserable mémoire, car je suis assez accoutuné aux impressions que produit mon exemple de sourd et muet de naissance instruit sur tout le monde pour vous dire que je m'attends à une sorte de sensation qu'opereront mes idées contenues dans ce mémoire dans l'Academie, que parce que vous me connaissez ; et que vous etes come l'un des temoins de mes faibles connaissances : je me fais un devoir de soumettre le tout à vote sagacité ; et à votre jugement dont vous jugerez à propos de faire part à l'Academie, et que j'attends avec des sentiments d'estime et de deference le jugement qui sera porté de mon mémoire à l'Academie. Sentiments dans lesquels je suis

Monsieur

Votre très-humble et très
obéissant Serviteur

Saboureuxdefontenay

La Machine Royale de Marly le 16 Mars. 1777.