Les Œuvres complètes de D'Alembert (1717-1783)

Série V | Correspondance générale

Sélection de lettres

LETTRE 46.03   |   21 avril [1746]
D'Alembert (Paris) à Adhemar (Luneville)

Datation de la lettre

La lettre du 15 juin 1746 adressée à Adhémar (46.05) fixe l’année de celle-ci..

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f. 1rJ'ay fait rendre, mon cher amy, à l'abbé de Bernis, le paquet que M. de Vauvenargue m'a apporté de votre part. Si vous voulés ecrire à l'abbé, il demeure cul de sac St. Vincent, vis à vis S. Roch. Il ne veut point se charger de remettre la lettre au Roy : il dit que la dernière phrase de cette lettre est tres mal ; et si elle est telle que M. de Vauvenargue me l'a montrée, je ne puis m'empecher d'être de son avis. Si vous avés envie de demeurer au service de France, ce seroit vous casser le cou que d'envoyer cette lettre, comme vous me le marqués. L'abbé de Bernis me conseille fort de n'en rien faire, et me charge de vous demander un memoire detaillé de vos services, qu'il fera donner & appuyer par Made. de Pompadour. J'attends votre reponse la dessus pour aller plus avant mais je vous avertis que j'auray toujours beaucoup de peine a faire une demarche qui peut vous perdre, et qui me privera peut etre pour toujours du plaisir de vous voir. Je feray f. 1v vos complimens à Diderot quand je le verray. Car il demeure a present au diable, & on n'en peut jouir non plus que d'une coquette. Mes occupations sont actuellement celles de La Fontaine, l'une a dormir & l'autre a ne rien faire, excepté une petite besogne qui me rapporte environ 3 louis par mois. Si ce ne sont pas la des travaux brillants, au moins je suis bien sur que ceux là ne me feront point d'ennemis. J'en ay tant que j'ay eté sur le point de quitter aussy mon service, qui n'est gueres plus agreable pour moy que le vôtre l'est pour vous. Les choses se sont raccommodées a mon avantage ; mais comme je ne suis pas inquiet de trouver ailleurs un etat plus agreable, & que rien ne m'attache a ce pays-cy, que trois ou quatre amis, je pourray bien faire haut le pied à la première f. 2r tracasserie qu'on me fera. A dieu, mon cher Adhemar, envoyés moy au plutôt ou a l'abbé de Bernis le memoire que nous vous demandons : mais surtout souvenés vous que c'est au Roy que vous parlés, et qu'avec ces messieurs là, il faut faire patte de velours ; il y a de certaines phrases qui ne sont point dans leur dictionnaire. A dieu encore une fois, mon cher amy, je vous embrasse de tout mon cœur, et suis avec tout l'attachement possible votre tres hu[mble] serviteur.

D'alembert

Il y a une place vacante à l'academie francoise. On tient pour sur que Voltaire l'aura: cependant on dit que Fontenelle ne luy donnera pas sa voix. Votre vieille idole est bien capable de cette infamie là.

f. 2và Paris ce 21 avril.

A Monsieur
Monsieur le Marquis d'Adhemar, capitaine de cavalerie au regiment d'Hudicourt
A Nancy