Sélection de lettres
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    [Manuscrit autographe] (affichée) | |||||
Berlin, Geheimes Staatsarchiv Preussischer Kulturbesitz, Rep. 92, Adhémar, I, f. 4
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    [Imprimé 1973] | |||||
Edgar Mass, Le Marquis d'Adhémar, la correspondance inédite d'un ami des philosophes à la cour de Bayreuth, Oxford, Voltaire Foundation, SVEC 109, 1973, p. 77-78
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D'Alembert (Paris) à Adhemar (Luneville)
Cette lettre non datée se situe entre la lettre de D’Alembert à Adhémar du 21 avril (46.03) et celle du 15 juin 1746 (46.05), d’après la chronologie des échanges autour du mémoire d’Adhémar. La lettre de Devaux des 13-14 mai 1746 à propos de l’emploi proposé par Adhémar à Diderot (n. [1]) permet même de la dater plus précisément de la mi-mai : « Alliot luy a ecrit [à Diderot] hier pour le luy proposer », lettre qui ne nous est pas parvenue mais dont on peut supposer qu”elle fut écrite le 12 ou 13 mai, parallèlement à la proposition faite par l’intermédiaire de D’Alembert..
f. 1rJ'ay proposé a Diderot, mon cher monsieur, la place dont vous me parlés, & luy ay envoyé vos depeches ; il y fera reponse luy même ; je crois même qu elle est deja faite et envoyée ; il est fort faché que des engagemens qu'il a contractés icy avec des libraires pour des traductions du Dictionnaire anglois de medecine & du dictionnaire anglois des arts, l'empechent de profiter de toute la bonne volonté que vous avés pour luy. J'ay proposé la place a un autre homme de mes amis, qui est fort en etat de la remplir : il se nomme l'abbé de la Chapelle : il vient de donner au public un ouvrage sur la geometrie elementaire qui est rempli d'excellentes choses, & que l'academie a approuvé : il est d'ailleurs dans l'usage de montrer les mathematiques, & les enseigne avec f. 1v succès sur le pavé de Paris depuis plus de 12 ans. Il m'a demandé du tems pour se consulter. Mais a vüe de pays, je ne scay si des arrangemens de famille dont il est occupé actuellement, luy permettront d'accepter cette place. Je vous prie au reste de me mander s'il est indifferent que l'homme qu'on demande soit laique ou abbé ; si la place est assés stable pour qu'on puisse esperer de la conserver ; si l'on vit a Luneville à assés bon marché pour etre à son aise avec 100 pistoles & un logement. Je serois bien aise de savoir tout cela, tant parce que cela pourra aider à determiner notre homme, que parce que je pourray proposer la place à d'autres, en cas qu elle ne f. 2r luy convienne pas ; et que l'on n'ait personne en vüe. Au reste comme je ne suis pas sur de trouver parmy ceux à qui j'en parleray, quelqu'un qui accepte la place , je serois faché que l'on tardât à y nommer pour la donner a quelqu'un que j'indiquerois. Ce que je puis vous pro[mettre] c'est de me donner tous les mouvemens necessai[res] pour trouver quelqu'un qui puisse la remplir avec succès. Pardon de tout mon barbouillage, mais je vous ecris à la hâte, et si je n'avois tous les jours une certaine tâche d'ecriture a faire, qui est la traduction d'une colomne par jour du dictionnaire anglois des arts (c'est ce que je vous ay dit qui me vaut trois louis par mois) je serois actuellement homme de lettres sans plume ny ancre. La gloire est une belle et bonne chose ; mais je suis fort rassasié du peu que j'en ay : f. 2v l'abbé de Gua vous fait mille complimens. L'Idole n'a rien fait, et est demeurée pour luy une vraye statüe : mais j'espere qu'il trouvera le moyen de s'en passer.
D'alembert
A Dieu, mon cher monsieur, faites moy je vous prie reponse le plutôt qu'il sera possible sur ce que j'ay l'honneur de vous marqueratf. -2.
J'oubliois de vous dire, que j'ay lu votre memoire à l'abbé de Bernis. Je vais le transcrire, & moyennant un leger changement dont nous sommes convenus, il espere que Made. de Pompadour voudra bien s'en charger. Mais il ne croit pas qu elle ecrive au roy pour cela. Elle ne parlera que quand le roy sera de retour.
f. 3rA Monsieur
Monsieur le Marquis d'Adhemar, capitaine de cavalerie au regiment d'Hudicourt
A Luneville