f. 140rMonsieur

Monsieur de Maupertuis veut bien se charger de vous remettre de ma part un exemplaire de mes deux ouvrages, qu'il m'a dit que vous n'aviés point. C'est la moindre marque de reconnoissance que je puisse vous donner pour le bien que vous luy avés dit de ces deux ouvrages, je souhaiterois, Monsieur, qu'ils fussent plus dignes de vous, et je serois au moins fort satisfait si j'obtenois votre suffrage sur trois ou quatre points principaux sur lesquels je ne suis pas d'accord avec M. Daniel Bernoully. Ce savant Geometre a ecrit a beaucoup de personnes que j'avois tort sur tous les f. 140v points, mais j'avoüe que plus je reflechis la dessus, plus je crois avoir eu raison de n'être pas de son avis. Vous avés du voir, Monsieur, dans ma piéce sur les vents que je differois aussy beaucoup de luy, sur un point très essentiel, il aura beau dire que j'ay tort, je n'en conviendray que quand il me l'aura fait voir clairement : car quoy que je respecte beaucoup son authorité, je crois devoir ne me rendre qu'à l'Evidence.

J'ay appris, Monsieur que vous aviés eu la bonté de faire à l'assemblée publique de votre academie l'extrait et l'Eloge de ma piéce : permettés que je vous en fasse mes remercimens : je la fais actuellement imprimer en latin, telle que vous l'avés vüe; j'y joins une traduction françoise, f. 141r dans laquelle j'insereray beaucoup d'augmentations, et cette traduction sera precedée d'une Espece d'Introduction en forme de Preface. Je compte que cela paroitra dans le cours du mois de novembre prochain, & j'auray l'honneur de vous en envoyer un exemplaire des premiers. Je suis avec la plus grande estime & la plus parfaite consideration

Monsieur
Votre tres humble & tres obeissant serviteur
D'alembert
de l'acad. des Sciences, rüe Michel le Comte, à Paris

à Paris ce 3 aout 1746.

M. de Maupertuis doit remettre de ma part à l'academie un memoire qui sera bientôt suivy d'un second.

f. 141vA Monsieur
Monsieur Euler, de l'academie Royale des Sciences et Belles lettres
A Berlin