Sélection de lettres
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    [Manuscrit autographe] (affichée) | |||||
Catalogue de vente d’autographes « Les Neuf Muses » (Alain Nicolas), Paris, décembre 1997, n ̊ 1
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D'Alembert (Paris) à Lemery Mlle (Paris)
Mlle Lemery (1707-1768) a pu être identifiée grâce aux actes du Minutier central des Archives nationales comme Madeleine Catherine, fille du médecin du roi Louis Lemery et de Catherine Chapotot. Elle demeurait avec sa mère dans une grande maison à porte cochère, la seconde sur la Place du Collège, pavillon des Arts, paroisse Saint-Sulpice, louée au collège des Quatre-Nations depuis au moins 1733. Elle est par ailleurs citée dans les lettres de D’Alembert à la marquise de Crequÿ 51.24 et 53.02. La graphie « Dalemberg » utilisée par Mme Geoffrin laisse à penser que cette lettre est une des premières de la correspondance de D’Alembert. Elle est en tous cas antérieure à 1749, date du départ de Lecler de la Bruère pour Rome (où il meurt en 1754), et de la disgrâce de Maurepas, et très certainement postérieure à la mort de Louis Lemery, le 9 juin 1743. Elle pourrait être de 1744, au moment de la représentation de Dardanus, mais les occasions d’aller à l’Opéra ne manquaient pas. Sans plus de certitude, nous l’avons laissée autour de l’année 1746..
f. 1r[De la main de Lecler de La Bruère] Il me fut impossible hier d'avoir l'honneur de vous voir, parceque je suivis madame de Pontchartrain a l'opera pour lui donner la main. En attendant que je vous fasse ma cour ce soir, j'envoie toujours scavoir de vos nouvelles, et vous annonce qu'il ne faut pas compter sur la loge d'ici en quinze parce que suivant l'aparence alors m de Maurepas sera a Paris. Pour m'en dédommager on me la donne vendredi prochain, arrangés vous la dessus. Je vous avertis cependant que je n'ai pas encor le billet par la raison que si d'ici a vendredi matin m de Maurepas vouloit disposer de sa loge on la lui donneroit, et en ce cas je le scaurois jeudi avant de me coucher et vous en informerois le vendredi de grand matin. Alors on me donneroit la loge un autre jour. Mais f. 1v ce cas que je prevois par exces de prudence n'arrivera vraisemblablement pas, ainsi prenés vos arrangemens en paix et portes vous bien. Amen.
[De la main de Mme Geoffrin] Voisla madame ce que me mande mr de la Bruere sur un sujet fort interessant ; je çede la plume a un qui l'est bien davantage je me borne a vous presenter nos respects. L'impatiençe de mr dalemberg me reproche ce petit nombre de lignes.
[De la main de D'Alembert] Je suis fleuve, Madame, pour tout autre que vous ; si absolument vous vouliés que je le fusse, je ne pourrois etre que le fleuve Alphée : si vous vouliés etre mon Arethuse je vous suivrois non seulement dans les enfers, mais dans tous les mondes dont M. de Fontenelle f. 2r fait mention. Je voudrois bien que vous voulussiés vous arreter dans la planete de Venus. Le respect m'arrête. Car mon imagination pourroit s'egarer ; et je me borne a vous assurer du zele extreme de votre esclave le plus soumis.
Dalembert
f. 2v[Adresse d'une main non connue] Mademoiselle de l'Emeri, au second Pavillon des Quatre Nations