Sélection de lettres
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    [Manuscrit autographe] (affichée) | |||||
Moscou, Archives d’Etat d’histoire sociale et politique, fds 320, op. 1, 71, f. 1-2
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    [Imprimé 2007] | |||||
G. Dulac et S. Karp, Les Archives de l’Est et la France des Lumières, Ferney-Voltaire, CIEDS, 2007, t. II, p. 737-739
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D'Alembert (Paris) à Formey (Berlin)
D’Alembert annonce ici à Formey que sa lettre lui parviendra par le même ordinaire que celle de Briasson, laquelle est datée du 16 novembre 1747 (voir la note 6)..
f. 1rMonsieur
Je suis egalement sensible aux politesses & à la confiance dont vous m'honorés, et je desirerois pouvoir vous en temoigner ma reconnoissance. J'aurois eu l'honneur de vous en assurer plutôt, si je n'avois eté obligé de faire par rapport à la lettre de change dont vous me parlés, quelques demarches dont il est necessaire que je vous rende compte. Je vis les libraires le jour même que j'eus recu votre lettre & nous convinmes ensemble que j'ecrirois à ce sujet à M. l'abbé de Gua. Je l'ay fait, & il m'a addressé une reponse, qu'il me charge de vous faire tenir & ou il pretend que vous avés eu plusieurs torts avec luy. Comme f. 1v ces pretendus griefs me paroissent fort mal fondés, je n'ay pas cru devoir grossir ce paquet de l'Espece de Factum de M. l'abbé de Gua. Au reste je crois que vous n'auriés pas mal fait de luy donner avis de la lettre de Change quelques jours avant qu'elle arrivât, afin qu'il n'eût aucune raison pour s'excuser de ne l'avoir pas payée. Il me charge, monsieur, de vous dire qu'il est tout a fait disposé à s'acquitter envers vous, pourvu que la lettre de change que vous tirerés sur luy soit à dix jours de vüe, & que vous luy envoyiés l'adresse de celuy a l'ordre de qui vous tirerés, ou que vous priés cette personne de laisser son addresse chés M. l'abbé de Gua 5 à 6 jours avant l'Echeance pour qu'il luy fasse tenir les fonds. A quoy j'ajoute que pour eviter toute difficulté, je vous conseille de n'envoyer la lettre de change qu'après luy avoir ecrit un ordinaire ou deux auparavant une lettre d'avis. Vous f. 2r recevrés je croy, monsieur, par le même ordinaire une lettre de M. Briasson par laquelle vous verrés les dispositions des libraires à votre sujet, & je crois que vous en serés content, mais quoyqu'il vous conseille de faire protester la lettre, je crois que vous ferés bien d'attendre encore, & de faire les choses avec le plus de douceur que faire se pourra, ne doutant point que M. l'abbé de Gua ne soit dans les dispositions les plus sinceres de s'acquitter. Je serois bien charmé, Monsieur, que la distance des lieux pût nous permettre de profiter des offres que vous me faites au sujet du Dictionnaire, les papiers que vous nous avés envoyés en seront un des principaux ornemens, j'auray soin que tout l'honneur vous en soit rendu, & qu'ils vous soient renvoyés en bon etat. Comme la poste me presse, & que le papier m'oblige de finir, je termine cette lettre en vous assurant que M. Diderot & moy sommes l'un & l'autre avec la plus grande consideration
Monsieur
Vos tres humbles & tres obeissants serviteurs
D'Alembert
f. 2vA Monsieur
Monsieur Formey historiographe & secretaire de l'academie Royale des sciences & des belles lettres de Prusse
A Berlin