Les Œuvres complètes de D'Alembert (1717-1783)

Série V | Correspondance générale

Sélection de lettres

LETTRE 50.02   |   9 janvier 1750
D'Alembert (Paris) à Cramer (Genève)

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f. 1rà Paris ce 9 janv 1750

Il me semble, mon cher monsieur, qu'il y a un siecle que je ne vous ay ecrit. Ce n'est pas que je n'aye souvent pensé à vous & souvent relu votre derniere lettre, mais des occupations & même des chagrins de plus d'une espece m'ont ôté le loisir & la liberté d'esprit necessaires pour cela. Je suis pourtant en gros assez content de ma Philosophie, & si j'ay eu l'esprit occupé, l'ame & la santé se sont conservées inalterables.

Entre plusieurs choses que j'ay faites, j'ay calculé de nouveau, & plus exactement que je n'avois encore fait, l'orbite de la lune ; et quoy que je ne sois pas encore au bout de mon travail, j'y suis assez avancé pour voir que rien n'est plus delicat & plus glissant que ce Problême. Je crois pourtant pouvoir vous assurer que Newton en sortira à son honneur. Je n'oublie point les engagemens que j'ay pris au sujet de l'obliquité de l'Eliptique, & je songe serieusement à les remplir. Vous pouvés bien avoir tout cela dans le courant de cette année.

Diderot est enfin sorti de Vincennes il y a deux mois. Il est actuellement fort occupé de l'Encyclopédie, dont je compte que f. 1v nous allons enfin donner le prospectus [...] je crois que j'en feray la préface. [...] Comme tout est lié dans l'ordre de la providence, nous ne devons jamais regarder les evenemens heureux ou malheureux comme isolés, mais comme servant à un tout, & entrant dans le plan general de la sagesse divine ; en conséquence de cette consideration à quels devoirs sommes nous obligés envers cette sagesse. [...] Cette question paraît fournir un très bon sermon, mais non une dissertation philosophique [...].