Sélection de lettres
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    [Brouillon autographe] (affichée) | |||||
Genève BGE, Ms. Fr. 657b, f. 97
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Cramer (Genève) à D'Alembert (Paris)
Cette lettre avait été datée dans le vol. V/1 de la fin février 1750 et donc numérotée 50.06, mais elle n’est pas une réponse à 50.04. Elle aurait pu être un fragment de la lettre incomplète 50.14. Il semble cependant plus probable, au vu d’une analyse croisée du contenu avec celui des lettres précédentes et suivantes que Gabriel Cramer ait repris la plume peu de jours après avoir envoyé la longue lettre 50.11 (du 2 octobre) qui se terminait par « j’aurois encore bien des choses à vous dire mais ce sera pour une autre fois ». D’une part, Cramer ne peut ici se référer aux Elemens de musique qu’en réponse à une lettre où D’Alembert lui en annonçait la rédaction, et cette annonce, absente de la lettre 50.04, a probablement été faite dans la lettre perdue de septembre 1750. D’autre part, dans la lettre 50.12 du 18 octobre, D’Alembert dit que ses Elemens de musique sont à peu près en état de paraître, et il n’est pas possible que Cramer lui suggère après cette lettre de lire Smith avant de rédiger, ou du moins de terminer, ses Elémens (« je voudrais que vous lussiez auparavant. . . »). De même le sermon sur le plaisir que D’Alembert doit trouver à composer ses beaux ouvrages précède sans doute le souhait de ce dernier que ces livres fassent autant de plaisir à Cramer qu’il en a eu à les composer (50.12). Et, précisément, ledit « sermon » n’a pas de raison d’être motivé par la lettre 50.12, mais pourrait suivre la lettre perdue de septembre où D’Alembert devait informer Cramer du report du prix de Berlin sur la résistance des fluides, ce qu’il interprète comme un refus de le lui attribuer. Enfin, on comprend par la réponse (50.11, « Ecrivés moi de Segrés ») à la lettre perdue de septembre que D’Alembert a donné à son ami les dates de son séjour à Segrez et que Cramer peut donc être sûr que ses remarques l’atteindront s’il lui écrit rapidement. La lettre suivante de Cramer est d’ailleurs écrite le 20 novembre (50.14), en ayant « crû devoir attendre » que D’Alembert soit de retour à Paris..
f. 97r[...] indiquer les occasions. Encore un petit mot de sermon. Savez-vous que vous ètes plus heureux que la pluspart des hommes. Par le plaisir que vous devez trouver à composer de si beaux ouvrages. Je comprens bien que ce n'est pas sans peine, mais ne faut-il pas de la peine pour faire gouter le plaisir. Je me felicite d'avance du plaisir que je recevrai de leur lecture, le premier sera aussi important que curieux. La Theorie de la Lune est le vrai moien de trouver les longitudes. M. Clairaut ne travaille t-il pas toujours sur le même sujet. Vous nous donnerez l'un & l'autre des choses admirables.
Je suis surpris que votre memoire sur la Res. des Fluides n'ait pas reussi comme il le meritoit à Berlin. Sans l'avoir lû, je gagerois tout ce qu'on voudroit qu'il est excellent. Je saurois bien mauvais gré à M. Euler d'en avoir empêché le succès, il faudroit des preuves presque juridiques pour me le faire croire. Je n'ai point oui parler de lui comme d'un homme mauvais ou intrigant, mais il pourroit bien avoir quelques momens de mauvaise humeur.
Cependant vous en devés savoir plus que moi là dessus. Votre Traitté de l'harmonie sera un ouvrage desiré . Celui de Rameau, eclairci par votre Rapport, m'a paru assés intelligible & bon en son genre. Je m'assure pourtant que vous le perfectionerés. Je voudrois que vous lussiés auparavant l'ouvrage anglois de Mr Smith. Il est plus profond & il a des recherches bien curieuses, mais qui demanderaient a ètre éclairées. [...]