Sélection de lettres
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    [Manuscrit autographe] (affichée) | |||||
Musée royal de Mariemont, Morlanwelz, Belgique, 274c
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    [Imprimé 1959] | |||||
Autographes de Mariemont, Marie-Jeann Durry (éd.), Paris, Nizet, 2 vol., 1955-1959, Autographes de Mariemont, Marie-Jeann Durry (éd.), Paris, Nizet, 2 vol., 1955-1959, vol. II, p. 485-486
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    [Imprimé 1967-1968] | |||||
Jean-Philippe Rameau, Complete theoretical writings, Erwin R. Jacobi (ed.), Dallas (Tex.), American Institute of Musicologyn 6 vol., 1967-1968, vol. VI, p. 233-234
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D'Alembert (Paris) à Rameau (Paris)
Cette lettre avait été datée dans le vol. V/1 de septembre-novembre 1751 et donc numérotée 51.19, car l’approbation des Elémens de musique, signée par Condillac, est datée du 23 novembre 1751. Or, à l’occasion de sa polémique avec Bethizy, D’Alembert nous apprend que « l’ouvrage composé plus de quinze mois avant qu’il parut, a été remis entre les mains de M. Rameau, qui sans toucher à la premiere partie, m’a donné sur la seconde des avis utiles dont j’ai profité. » (J. oeconom., voir 50.12, n. [14]). Par ailleurs, D’Alembert écrit à Cramer le 18 octobre 1750 (de Segrez, 50.12) que les Elémens sont« à peu près en état de paroitre », et n’en parle plus ensuite. La lettre est manifestement écrite de Paris où il a probablement attendu d’être rentré de Segrez pour envoyer à Rameau l’ouvrage, qu’il vient de finir de « mettre au net ». Si la date de son retour à Paris n’est pas connue avec précision, il est probable qu’elle est proche du samedi 14 novembre 1750, jour de rentrée et d’assemblée publique de l’Académie des sciences. D’Alembert est noté présent le samedi 21 novembre, mais non les mercredis 18 et 25 novembre (RMAS, 1750, p. 412, 437, 438, 439), raisons pour lesquelles nous datons cette lettre approximativement d’un des mercredis avoisinant son retour à Paris. Sur le calendrier de l’Académie, voir Introduction, § III.1..
f. 1rce mercredy matin
Je suis malheureusement engagé aujourdhuy, monsieur, pour aller diner à la campagne, mais j'auray l'honneur d'aller diner chés Mr. de la Poupliniere au premier jour. En attendant voila mon ouvrage ou plutôt le votre, que je n'ay fini de mettre au net qu'hier, et que je vous envoye afin que vous ayés la bonté de le lire. Quoyque le paquet soit gros le livre n'est pas long parce qu'il n'y a qu'environ un quart de chaque feuille d'ecriture, ce qui reduit l'ouvrage a un fort petit volume. Le manuscrit est fort net, il n'y a que très peu de renvois, et en tout cas Mr Ballot pourra vous en faire la lecture. Je vous prie de l'examiner avec soin, & de mettre par ecrit vos remarques afin que j'en profite. Un mot suffira pour me mettre au fait. J'ay taché de composer cet ouvrage de maniere qu'il puisse etre entendu f. 1v de tout le monde ; je ne suppose rien qu'un peu d'habitude pour connoitre les positions des notes sur les differentes clefs : voicy quel a eté mon plan.
Je donne d'abord une petite introduction contenant les definitions des termes les plus usités, comme chant, accord, intervalle, tierce, quinte, consonance, dissonance, &c. Puis j'entre en matiere, le premier livre est la Theorie de l'harmonie suivant vos principes. J'ay oté du texte tout ce qui est de calcul & je l'ay mis en note pour être mis au bas des pages, de maniere qu'en se contentant de supposer ce qui est demontré par le calcul toute personne qui scait raisonner, peut entendre cettre premiere partie, sans scavoir meme autre chose de la musique que ut re mi fa sol la si ut.
La seconde partie contient les regles de la composition, cette seconde partie etant fondée sur la premiere, j'ay mis à chaque f. 2r regle une citation qui renvoye a l'article de la premiere partie sur lequel la regle est fondée, mais si on veut se contenter de pratique, on peut lire cette seconde partie sans avoir lû la premiere. J'ay fait aussi des notes pour la seconde partie qui contiennent quelques details particuliers; quelques regles moins usitées, quelques exceptions &c. Voila, monsieur, le plan de mon ouvrage sur lequel il etoit necessaire de vous prevenir. Vous pouvés le lire a votre aise, rien ne presse. Vous avés donc mes livres de musique, j'en suis charmé & pour cause. Je vous embrasse de tout mon cœur
D'alembert
f. 2vA Monsieur
Monsieur Rameau rüe St honoré vis a vis le caffé de Dupuis chés un fayancier au premier.