Sélection de lettres
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    [Manuscrit autographe] (affichée) | |||||
Catalogue Charavay, 808, mars 1994, n° 44003
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    [Imprimé 1799] | |||||
Œuvres posthumes de D'Alembert, tome premier, Charles Pougens, Paris, 1799, p. 149-151
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    [Imprimé 1865] | |||||
Correspondance complète de la marquise du Deffand avec ses amis, éd. M. [Adolphe] de Lescure, Paris, Henri Plon, 1865, p. 183-184
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D'Alembert (Paris) à Du Deffand (Vichy Chamron) Mme (Paris)
Le premier tome de l’Encyclopédie a paru le lundi 28 juin 1751, et d’après la formulation de la lettre, il semble qu’elle soit écrite juste avant la parution, dans le milieu de la semaine précédente. Nous avons donc déplacé légèrement cette lettre classée en 51.13 dans le vol. V/1..
f. 1rJ'ay eté, madame, dez lundi, prendre une souscription pour vous. Vous aurez votre volume Lundi prochain ou mercredi au plutard. J'aurois eu l'honneur de vous le mander tout de suite, si j'avois eu un moment pour respirer. Il me semble que la preface reussit, j'en suis fort aise, surtout à cause de l'ouvrage auquel les persecutions des Jesuites m'ont vivement interessé. Nous allons voir comment ils en parleront ; on dit qu'ils commencent à changer de ton. Nous avons fait patte de velours avec eux dans le premier volume, mais s'ils n'en sont pas reconnoissants, nous avons dans les autres volumes 6 à 700 articles à leur service : Chinois, Confucius, Ballets, Rhetorique, Molinisme, &c. J'ay eu tort de ne f. 1v pas vous envoyer l'Épître dédicatoire ; la voici :
Monseigneur,
L'autorité suffit à un ministre pour lui attirer l'hommage aveugle et suspect des courtisans ; mais elle ne peut rien sur le suffrage du public, des étrangers et de la postérité ; c'est à la nation éclairée des gens de lettres, et sur-tout à la nation libre et désintéressée des philosophes, que vous devez, monseigneur, l'estime générale, si flatteuse pour qui sait penser, parce qu'on ne l'obtient que de ceux qui pensent. C'est à eux qu'il appartient de célébrer, sans s'avilir par des motifs méprisables, la considération distinguée que vous marquez pour les talens ; considération qui leur rend précieux un homme d'état, quand il sait, comme vous, leur faire sentir que ce n'est point par vanité, mais pour eux-mêmes qu'il les honore. Puisse, monseigneur, cet ouvrage, auquel plusieurs savans et artistes célebres ont bien voulu concourir avec nous, et que nous vous présentons en leur nom, être un monument durable de la reconnoissance que les lettres vous doivent, et qu'elles cherchent à vous témoigner. Les siècles futurs, si notre Encyclopédie a le bonheur d'y parvenir, parleront avec éloge de la protection que vous lui avez accordée dès sa naissance, moins sans doute pour ce qu'elle est aujourd'hui qu'en faveur de ce qu'elle peut devenir un jour. Nous sommes avec un profond respect, etc.
f. 2rA Madame
Madame la marquise du Deffand
a St Joseph