Sélection de lettres
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    [Manuscrit autographe] (affichée) | |||||
Voltaire Foundation, Oxford
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    [Kehl] | |||||
Voltaire, Œuvres complètes (70 vol., Kehl, 1784-1789), XLVIII, p. 6-7
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    [Best. 4380, D55005 et D5011a] | |||||
Œuvres complètes de Voltaire, vol. 85-135 ; Correspondence and related documents, Oxford, Voltaire Foundation, 1968-1977, 4380, D55005 et D5011a
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    [Pléïade] | |||||
Voltaire, Correspondance, édition Théodore Besterman, additions et corrections par Frédéric Deloffre, Paris, Gallimard, 13 vol., 1977-1993 (Bibliothèque de la Pléiade), t. III, p. 777-778 et t. XIII, p. 508
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Voltaire (Potsdam) à D'Alembert (Paris)
Frédéric Deloffre (Pléiade, XIII, p. 508) estime que l’autographe est daté du 9 et non du 5 septembre 1752, mais ni la lecture du manuscrit ni le contenu ne semblent justifier cette modification..
f. 1rà Potsdam, 5 septb 1752
Vraiment monsieur c'est a vous a dire, je rendray grace au ciel et resterai dans Rome. Quand je parle de rendre grace au ciel, ce n'est pas du bien qu'on vous a fait dans votre patrie, mais de celuy que vous luy faittes. Vous et Mr Didrot vous faites un ouvrage qui sera la gloire de la France, et la honte de ceux qui vous ont traversez. Paris abonde de barbouilleurs de papier, mais de philosophes éloquents je ne connais que vous et luy. Il est vrai qu'un tel ouvrage devait etre fait loin des sots et des fanatiques sous les yeux d'un roy aussi philosofe que vous, mais les secours manquent icy totalement. Il y a prodigieusement de bayonetes et fort peu de livres. Le roy a fort embelli Sparte mais il n'a transporté Athene que dans son cabinet et il faut avouer que ce n'est qu'a Paris que vous pouvez achever cette grande entreprise. J'ay assez bonne opinion du ministerepour esperer que vous ne serez pas réduit a ne trouver que dans vous meme la recompense d'un travail si utile.
f. 1vJ'ay le bonheur d'avoir chez moy Monsieur l'abbé de Prades, et j'espere que Le Roy a son retour de la Silesie luy aportera les provisions d'un bon benefice. Il ne s'attendait pas que sa têse dut le faire vivre du bien de l'eglise, quand elle luy attirait de si violentes persecutions. Vous voyez que cette eglise est comme la lance d'Achille qui guérissait les blessures qu'elle avait faittes. Heureusement les benefices ne sont point en Silesie a la nomination de Boyer ny de Couturier. Je ne scai pas si l'abbé de Prades est heretique, mais il me parait honnete homme, aimable et guai.
Comme je suis toujours tres malade, il poura bien m exhorter à mon agonie, il l'eguaiera et ne me demandera point de billet de confession. Adieu monsieur, s'il y a peu de Socrates en France, il y a trop d'Anitus et trop de Melitus, et surtout trop de sots, mais je veux faire comme dieu qui pardonait a Sodome en faveur de cinq justes. Je vous embrasse de tout mon cœur.
V
f. 2va monsieur
monsieur Dalembert de l'académie des Sciences etc.