p. 23M^r. de Beausobre m'a dit, Monsieur, que vous n'aviés point recu la reponse à la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'ecrire. Comme cette lettre a eté adressée à Amsterdam pour aller de là à Berlin, c'est peut etre la cause qui en a retardé l'arrivée. Je crois que vous devez à present l'avoir recûe, & je vous supplie de m'en accuser la reception.

L'apologie de notre amy paroit depuis quelques jours, & a le plus grand succés. Je n'en suis nullement p. 24 surpris, on la trouve tres bien raisonnée, très bien ecrite & tres eloquente, et on a raison sur tous ces points. Il pourra dire du jour qu'a commencé sa malheureuse affaire ce que Tacite a dit d'Heloidius Priseus : Isque praecipuus illi dies, magnae offensae initium et magnae gloriae fuit. Ses ennemis sont couverts de honte, & je me flatte qu'on n'attribuera plus sa these a un autre que luy, puisqu'il scait si bien la deffendre. Son camarade d'infortune ecrit d'Amsterdam, que l'argent lui manque absolument, & qu'il n'ira point à Berlin le joindre. J'en suis d'autant plus surpris, que notre ami avoit mandé il y a plus de six semaines, que les affaires de l'abbé Y... etoient arrangées, et qu'il iroit le joindre. Je vous prie de representer à notre amy combien il est necessaire qu'il n'abandonne pas le lieu ; tout le monde a les yeux ouverts sur la conduite qu'il tiendra à cet égard, je suis hors d'etat de l'aider, m'etant p. 25 épuisé d'avance pour cela ; Nous allons faire un dernier effort, mais tres petit, jusqu'à ce que l'abbé Y... puisse avoir des nouvelles de Berlin, ou de l'argent. Je vous supplie tres instamment, Monsieur, de recommander cette affaire à notre amy, en luy faisant mille complimens, et d'etre bien persuadé de la respectueuse consideration avec laquelle je serai toute ma vie,

Monsieur,
Votre tres humble
et tres obeissant serviteur,
D'alembert

à Paris, 28 oct. 1752

rüe Michel le Comte.

p. 26A Monsieur
Monsieur le Marquis d'Argens, chambellan du Roy de Prusse
à Potzdam