Sélection de lettres
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    [Manuscrit autographe] (affichée) | |||||
The Morgan Library & Museum, New York, Misc. French, MA 2310
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    [Imprimé 1799] | |||||
Œuvres posthumes de D'Alembert, tome premier, Charles Pougens, Paris, 1799, I, p. 173-176
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    [Imprimé 1821-1822] | |||||
Œuvres de D'Alembert, Paris, Martin BOssange & fils, A. Belin impr., 5 vol., 1821-1822, p. 33-34
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    [Imprimé 1865] (pdf) | |||||
Correspondance complète de la marquise du Deffand avec ses amis, éd. M. [Adolphe] de Lescure, Paris, Henri Plon, 1865, p. 162-163
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    [Best. 5165] | |||||
Œuvres complètes de Voltaire, vol. 85-135 ; Correspondence and related documents, Oxford, Voltaire Foundation, 1968-1977, 5165
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D'Alembert (Paris) à Du Deffand (Vichy Chamron) Mme (Mâcon)
f. 28r17 janvier 1753
Eh bien, madame, puisque vous etes si contente de mes lettres, je vous permets de les garder, et de les faire lire à Formont, pourvu que d'autres que lui ne soient pas du secret. Je crois que vous tenez a present mon livre, & je serois fort flatté que vous en fussiez aussi contente que vous l'avez eté de mes lettres. Depuis huit jours qu'il est en vente, il s'en est deja enlevé 7 à 800, il fait, ce me semble, plusieurs enthousiastes, surtout parmi les gens de lettres, et quelques frondeurs qui croient que j'ai voulu les peindre, quoique je ne leur aye jamais fait l'honneur de penser à eux.
Tout ce qu'on vous a mandé de Voltaire est tres vrai, il est on ne peut pas plus mal avec le roy de Prusse, il a fait contre Maupertuis une brochure injurieuse, qui a eté brulée par la main du bourreau, ce qu'on n'avoit point vû à Berlin de memoire d'homme. Il a nié d'en etre l'auteur, & ne l'a avoüé f. 28v que lorsque le roi de Prusse l'a menacé d'une amende qui le reduiroit à l'aumône ; Je ne vous chasse point, lui a dit le Roy, parceque je vous ai appellé ; je ne vous ôte point votre pension, parceque je vous l'ai donnée, mais je vous défens de paroitre jamais devant moy. Il est actuellement un des plus malheureux hommes de la terre.
Je n'ay aucune part à la brochure en style de prophetie, ni Diderot non plus, quoiqu'on la lui ait attribuée, mais je la trouve comme vous tres plaisante. La musique francoise prend actuellement le dessus sur la musique Italienne, car l'opera nouveau de Mondonville (quoique très mediocre) reussit beaucoup : cela changera peut etre la semaine prochaine. Car dans ce pays-cy il ne faut compter sur rien.
J'ay bien mal interpreté votre derniere lettre, j'avois cru y voir une espece d'effroi de votre Etat passé, mais j'aime encore mieux que cet etat n'ait rien d'effrayant pour vous. Je vis f. 29r hier Pondevesle à l'opera, nous parlames beaucoup de vous, je lui dis que vous n'aviez commencé a etre malheureuse que du jour que vous aviez eté plus à votre aise, & que cela me faisoit grand peur de devenir riche ; il est vray que cette peur la est un peu gratuite ; car ma conduite, mes lettres, et mes ecrits y mettent bon ordre. A Dieu, madame, j'aspire avec beaucoup d'impatience au moment de vous revoir, et j'attends votre jugement sur mon ouvrage. Si par hazard j'avois mis dans le paquet ou etoient mes lettres de Prusse, quelque autre papier qui n'en fût pas, je vous prie de me le renvoyer.
à Paris 17 janv. 1753
f. 29vA Madame
Madame la marquise du Deffand, à l'Eveché
à Macon