Sélection de lettres
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    [Copie manuscrite] (affichée) | |||||
Saint-Malo AM, II 24, f. 130v-131r
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D'Alembert (Boulay) à Maupertuis (Saint-Malo)
f. 130vau Boulay prés Némours le 31 octobre 1753
Mon cher president ou plutost mon cher ami, (car j'aime bien mieux pour vous et pour moy vous donner ce dernier nom là que l'autre) Made. du Deffant veut absolument que je vous ecrive, et que je fasse reponse a la lettre que vous luy avez ecritte ; elle vaudroit pourtant beaucoup mieux que moy pour cela ; mais au risque de faire une sotisse, mon amitié vat s'expliquer librement avec vous.
Je ne puis qu'approuver beaucoup le peu de cas que vous faites des jugements des hommes ; on finit tôt ou tard par en venir là. Il semble même que plus on à fait de cas d'abord de leur approbation, moins on en fait ensuite de leur critique. Ainsi je vous trouve très sage de ne faire entrer ces jugements là pour rien dans le party que vous prendrez : c'est vous seul mon cher ami, et vôtre bien Etre qu'il faut consulter, vôtre santé demande absolument que vous restiés en France ; vous retournerez à Berlin, non pas pour y mourir, mais ce qui est bien pis pour y souffrir. Vous craignez de manquer au Roy, mais etes vous bien sur qu'aprés tout ce qui s'est passé, il ait grande envie de vous revoir ? Vôtre affaire luy à fait faire plus de sotisses qu'il n'en faut pour luy donner beaucoup de chagrin, vous êtes la cause quoique très innocente, de ces sotisses là, et croyez que cela ne se pardonne pas. Si vous ne jugez pas convenable de demander sitôt vôtre congé, faitte trainer le temps en longueur, jusqu'à l'année prochaine, et accoutumés insensiblement le Roy à vôtre absence, vous m'avez dit vous même qu'il pourroit bien un jour se lasser de tous ses beaux esprits, et les renvoyer chacun chez eux : je le previendrois à vôtre place, et luy laisserois même la petite satisfaction en cas de besoin de se plaindre que vous l'eussiez quitté, franchement je suis etonné que des philosophes craignent tant de déplaire aux Princes, lorsque les Princes craignent si peu de deplaire aux Philosophes ? Est ce que tout ne doit pas estre egal ! Restés donc en France, mon cher ami, passés les etés à St. Malo, et les hivers à Paris, ou vous trouverez des amis qui seront fort aise de vous voir, de l'estime et de l'empressement pour vous dans ceux même qui ne seront pas vos amis & qui ne meriteront pas de l'etre, et si vous le voullez, même des graces et des places. Je n'ai de tous ces biens là que des amis, encor en trés petit nombre, et je me trouve en verité aussy bien de f. 131r ma situation que la condition humaine peut le permettre, je n'ai eu, et je n'aurai apparemment de ma vie ni grands chagrins, ni grands plaisirs, et je ne trouve nôtre globe ni fort plaisant ni fort triste, j'y resteray et même a la place ou je suis tant que la gravitation m'y retiendra, et j'en sortiray de même quand la maturité ou la repulsion m'en feront sortir. Voltaire dit on est a Colmar, ou il fait imprimer quelques choses encore, tant pis pour luy, si ce sont de nouveaux libelles, souvenez vous de la chanson sur les sodomites, pour detruire tous ces gens la tu n'avois qu'a les laisser faire. A Dieu mon cher ami je vous embrasse, et vous exhorte fort à suivre mon conseil et celui de vos amis. Soyez un peu quakre dans une affaire qui interesse autant vôtre bonheur. Vous n'avez que 50 ans, vous voyez un moyen dites vous de vivre heureux et tranquille. Je vous diray avec Fontenelle de prendre ce moyen la sur le fait. Portez vous bien & laissez là les Roys.
Il y a plus de 3. semaines que vous auriez dû recevoir cette lettre : Made. du Destaud [Deffand] à qui je l'avois envoyée pour vous la faire tenir, à crû que c'etoit une copie, et la gardée, pardon du quiproquo.
61.01  |  6 janvier 1761
Voltaire à D'Alembert
A61.01  |  12 janvier 1761
D'Alembert à Laporte via le Mercure de France
61.02  |  9 février [1761]
Voltaire à D'Alembert
61.03  |  10 février [1761]
D'Alembert à Rousseau Jean Jacques
61.04  |  15 février 1761
Rousseau Jean Jacques à D'Alembert
61.05  |  20 février 1761
D'Alembert à Frédéric II
61.06  |  27 février [1761]
Voltaire à D'Alembert
A61.04  |  [mars] 1761
Rameau à D'Alembert via le Mercure de France
A61.03  |  [mars 1761]
D'Alembert à Journal Encyclopédique
61.12  |  [fin mars 1761]
D'Alembert à Roussier
61.07  |  3 mars [1761]
Voltaire à D'Alembert
61.08  |  9 mars [1761]
D'Alembert à Voltaire
61.09  |  [c. 10 mars 1761]
D'Alembert à Roussier
61.10  |  13 mars [1761]
D'Alembert à Roussier
61.11  |  19 mars 1761
Voltaire à D'Alembert
A61.02  |  [21 mars 1761]
D'Alembert à Rameau via le Mercure de France, Observateur Littéraire
61.13  |  9 avril [1761]
D'Alembert à Voltaire
61.14  |  15 avril 1761
Lambert Jean Henri à D'Alembert
61.15  |  20 avril [1761]
Voltaire à D'Alembert
61.16  |  [7 ou 8 mai 1761]
Voltaire à D'Alembert
61.17  |  19 mai [1761]
D'Alembert à Voltaire
61.18  |  [31 mai 1761]
Voltaire à D'Alembert
A61.05  |  [juin 1761]
Rameau à D'Alembert via le Mercure de France
61.19  |  13 juin 1761
D'Alembert à Tronchin
61.20  |  25 juin [1761]
Voltaire à D'Alembert
61.21  |  6 juillet 1761
Bonnet à D'Alembert
61.22  |  9 juillet [1761]
D'Alembert à Voltaire
61.23  |  16 juillet [1761]
D'Alembert à Roussier
61.24  |  20 août 1761
D'Alembert à Non identifié
61.25  |  23 août [1761]
D'Alembert à Roussier
61.26  |  31 août [1761]
Voltaire à D'Alembert
61.27  |  8 septembre 1761
D'Alembert à Voltaire
61.28  |  15 septembre [1761]
Voltaire à D'Alembert
61.29  |  10 octobre [1761]
D'Alembert à Voltaire
61.30  |  20 octobre [1761]
D'Alembert à Ribotte Charon
61.31  |  20 octobre [1761]
Voltaire à D'Alembert
61.32  |  31 octobre [1761]
D'Alembert à Voltaire
A61.06  |  [novembre] 1761
Clairaut à D'Alembert via le Journal des Savants
61.33  |  4 novembre 1761
D'Alembert à Académie de Berlin
61.34  |  27 novembre 1761
D'Alembert à Lagrange