f. 147rCopie de la lettre écrite à M. D'Alembert par le P. Tolomas & remise à M. Le sécretaire.

Monsieur

On vous a prévenu contre moi. J'en ressens un déplaisir véritable. Mais l'opinion, que j'ai de votre equité, m'engage à Vous addresser à Vous même la justification du discours latin que j'ai prononcé. Il est vrai que j'ai essaïé dans cèt ouvrage de prendre la défense des Colléges, attaqués dans l'Encyclopédie ; sans imaginer alors qu'on pût me faire un crime du choix d'un sujet si convenable au lieu & au tems où je parlois. Je ne me suis aucunement écarté, dans cet acte public, de la modération, qu'on doit observer dans le cas même de la défense la plus légitime. Aussi, à la premiere nouvelle de quelques plaintes contre mon discours, je me hâtai de le déposer entre les mains de Monsieur le Prévot des Marchands, qui y avoit assisté à la téte de Consulat. Tant je suis convaincu de mon innocence : Tant elle m'inspire de sécurité ! Et comment d'ailleurs aurois-je pû débiter des personnalités offensantes, ou quoi que ce soit d'injurieux contre Vous, Monsieur, qui ne m'êtes connu que par vos ouvrages, et par la haute réputation qu'ils vous ont justement acquise ?

Je suis avec respect
Monsieur

Votre tres humble
et tres obeissant serviteur
Tolomas jés.

Lyon 25^e. fevrier 1755.