Sélection de lettres
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    [Manuscrit autographe] (affichée) | |||||
BPH, Rep. 92, Prades C3, f. 1-2
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    [Preuss XXV] | |||||
Œuvres de Frédéric le Grand, éd. J.D.E. Preuss, Berlin, Imprimerie royale, 33 vol., 1846-1857, XXV, Appendice, p. 270-271
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D'Alembert (Paris) à Prades (Berlin)
f. 1rà Paris 2 sept.
J'appris hier, mon cher abbé, par M. de Kniphausen que je n'avais point vû depuis mon retour, que vous vous plaigniés de mon silence. Cela s'appelle une vraie querelle d'allemand. Vous devez vous souvenir qu'en nous separant à Wesel vous me promites de me donner de vos nouvelles (et de celle de mes affaires) immediatement après votre arrivée. Depuis ce tems j'attends tous les jours de vos lettres, elles ne viennent point, & mes affaires sont toujours au même état; cela finira quand vous voudrés, ce n'est qu'avec une extrême repugnance que je vous en parle, mais je suis endetté de 100 louis avec mes libraires, ma pension n'est point payée, je peux mourir subitement, & je ne voudrois pas faire banqueroute en f. 1v mourant, même à des libraires. Il en sera ce qu'il plaira a la destinée, je n'en parlerai plus à personne.
A l'egard de vos affaires, j'ai parlé à l'abbé d'Hericourt votre rapporteur. Il m'a dit qu'il y avoit impossibilité morale de lever votre decret sans votre presence, mais que vous present ce seroit une affaire bientôt faite, et qu'il croyoit pouvoir m'en donner sa parole, sans trahir son ministere ; qu'il ne tiendroit pas à lui que tout ne se passât à votre pleine satisfaction, que votre retractation rendoit votre affaire toute simple et sans difficulté, qu'il ne s'agissoit que de suivre les formes. f. 2rVous auriés bien du m'ecrire au moins l'etat où a eté le roi ; ce n'est que par M. de Kniphausen que j'ai appris la chute qu'il a faite. Si vous avez occasion de lui parler de moi, je vous prie de mettre à ses pieds mon profond respect, et mon attachement pour sa personne, que rien ne pourra jamais changer. Je vous embrasse de tout mon cœur. Vale et me ama.
D'alembert
Mille compliments au marquis d'Argens. J'aurais grande envie de le voir à Potzdam ainsi que vous, mais il faut le pouvoir.
f. 2vA Monsieur
Monsieur l'abbé de Prades
Lecteur de sa majesté le roy de Prusse
à Potzdam en Brandebourg