Les Œuvres complètes de D'Alembert (1717-1783)

Série V | Correspondance générale

Sélection de lettres

LETTRE 55.25   |   28 décembre [1755]
Voltaire (Lausanne) à D'Alembert (Paris)

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f. 1ra Monriond près de Lausanne, 28 Xbre 1755

Voilà Figuré plus correct, Force dont vous prendrez ce qu'il vous plaira, Faveur de même, Franchise et Fleuri item. Tout cela ne demande à mon gré que de petits articles. François et Histoire sont terribles. Je n'ai point de livres dans ma solitude de Monriond ; je demande un peu de temps pour ces deux articles.

J'ajoute Fornication ; je ne peux ni faire ni dire beaucoup sur ce mot. J'enverrai incessamment l'Histoire des flagellans. Que diable peut-on dire de Formaliste, si non qu'un homme formaliste est un homme insupportable ?

En général je ne voudrais que définitions et exemples ; définitions, je les fais mal ; exemples, je ne peux en donner n'ayant point de livres et n'ayant que ma pauvre mémoire qui s'en va comme le reste.

Mes maîtres enciclopédiques, est-ce que vous aimez les choses problématiques ? Mr Diderot avait très bien dit à mon gré que quand tout Paris f. 1v viendrait lui dire qu'un mort est resuscité, il n'en croirait rien. On vient lui dire après cela que quand tout Paris a vu resusciter un mort, on doit en avoir la même certitude que quand tous les officiers de Fontenoy assurent qu'on a gagné le champ de bataille. Mais, révérence parler, mille personnes qui me content une chose improbable, ne m'inspirent pas la même certitude que mille personnes qui me disent une chose probable : et je persiste à penser que cent-mille hommes qui ont vu resusciter un mort, pourraient bien être cent-mille hommes qui auraient la berlue.

Adieu, mon cher Confrère. Pardonnez à un pauvre malade ses sottises, et son impuissance.

Ce malade vous aime de tout son cœur, Me. Denis aussi

V