Les Œuvres complètes de D'Alembert (1717-1783)

Série V | Correspondance générale

Sélection de lettres

LETTRE 76.76   |   10 décembre 1776
Melanderhjelm (Uppsala) à D'Alembert (Paris)

Version affichée :

f. 1rM. D'alembert ayant fait part à l'academie à sa séance du 14. janvier 1777 d'une lettre de M. Melander correspondant de l'academie datée d'upsal le 10. Xbre 1776. et cette lettre ayant paru de quelqu'importance relativement à la fabrication du salpêtre, les commissaires en ont démandé communication pour la transcrire sur leur registre.

Lettre de M. Melander correspondant de l'academie des sciences à M. D'alembert.
upsal le 10. Xbre 1776.

Monsieur

« Monsieur de Fouchy me fit l'honneur, il y a un an environ, de m'adresser une annonce de l'academie royale des sciences de Paris par laquelle tous les chimistes sont invités par l'espérance d'un prix extraordinaire, à chercher les moyens les plus prompts et les moins dispendieux, pour procurer en France une production et une récolte de Salpêtre plus abondante, que celle qu'on reçoit ordinairement. A la lettre jointe par Monsieur de Fouchy à la dite annonce, j'eus l'honneur de répondre, en m'engageant tant à communiquer l'annonce à tous nos chimistes, et d'en rendre un extrait dans nos papiers publies, que de même à visiter ces couches de salpêtre, près de Stockholm, dont il est parlé dans le nota de l'annonce, pour avoir l'honneur d'en communiquer à l'academie royale une description peutêtre un peu plus exacte que celle, qui contient la dite nota. Pour m'acquitter de mon engagement, je partis f. 1v pour Stockholm à la fin de l'été, en m'adressant au propriétaire des meilleurs couhes de salpêtre qu'on a en Suède, qui est assesseur dans le college métallique de Stockholm et de mes amis, dont le nom est M. von Engestrom, en lui proposant le sujet de ma visitte en même tems, que je lui communiquai l'annonce de l'academie royale. Comme il pourroit avoir peut être lui même le dessein de concourir au prix proposé par l'academie royale, comme il est assurement le plus habile. Chimiste en Suède, je ne pourrois lui demander une exacte déscription de ces couches de salpêtre à d'autre condition, que s'il n'avoit pas lui même quelque dessein à perfectionner encore ses recherches sur cette matiere, pour être lui même un des concurrents au prix stipulé. Il me répondit très poliment, et après un discours d'une part et d'autre, la conclusion de notre conversation sur cette matiere fut, qu'il s'engageoit au cas que les différentes occupations, dont il est charge, ne lui laisseroient assés de tems pour concourir lui même au prix, à me donner une exacte déscription de tout le procès, dont il a fait l'usage pour construire et maintenir les couches de salpêtre, qu'il m'assuroit en même tems être très différente de celles, dont il est parlé dans le nota, afin que je pourrois la communiquer à l'academie royale. Ce M. von Engestrom n'est pas de ces chimistes charlatans, qui se proposent de faire de l'or et tout ce qui est impossible, mais un homme très sensé, et qui veille dans son laboratoire et jour et nuit, mais il m'a assuré que la récolte de ses couches étoit assés abondante et se faisoit sans beaucoup de dépense. Voici Monsieur, tout ce que j'ai pû exécuter de mon engagement

f. 2r à M.  de Fouchy, ou l'academie royale elle même, comme vous le trouviés vous même le plus à propos. »