f. 1rce jeudi matin 26

M^r. de Voltaire m'a paru, mon cher ami, très touché de l'Etat de Madame la Comtesse de Rochefort et de votre affliction. Je lui ferai part des nouvelles plus consolantes que vous me mandez, mais ce ne sera que demain vendredi, parce que j'ai eu hier une indigestion violente, qui sans avoir eu de suites, ne me permet guere aujourd'hui de sortir. Dites je vous prie, mille choses tendres pour moi à notre belle, honnête, & interessante malade ; parlez lui de la part que j'ai prise à son etat, et de celle que je prendrai toujours à tout ce qui pourra vous interesser l'un et l'autre.

Voltaire ne parle point de s'en aller, au moins en ce moment ; peut etre en parlera-t-il demain, pour changer d'avis après demain. Car sa volonté est bien versatile. Il veut actuellement faire jouer après Pâques, avec Irène, le droit du seigneur, qu'il a mis en trois actes, et qui en cet etat f. 1v pourroit avoir un fort joli succès. Car la piece, meme dans la premiere façon qui étoit trop longue, n'etoit ni sans interêt, ni sans merite. Adieu, mon cher ami, je vous embrasse tendrement, & je baise bien respectueusement les belles mains de Madame la Comtesse.

f. 2rA Monsieur
Monsieur le Comte de Rochefort, Brigadier des gardes du corps
Rue et avenue de S^t. Cloud, vis à vis le couvent des Religieuses
à Versailles