Les Œuvres complètes de D'Alembert (1717-1783)

Série V | Correspondance générale

Sélection de lettres

LETTRE 81.08   |   7 février 1781
D'Alembert (Paris) à Aubry Jean Baptiste Benoît (Toul)

Version affichée :

f. 1rMonsieur

Je n'ai point eu l'honneur de voir Madame Dardennes qui apparemment est venue chez moi en mon absence ; je lui rendrai le peu de services qui pourront dépendre de moi, mais à cet égard j'ai plus de bonne volonté que de moyens.

Je vous suis très obligé de votre ouvrage intitulé l'ami Philosophe qui me paroit digne d'estime par son objet, & par la maniere dont cet objet est traité. C'est le livre d'un Philosophe vertueux et citoyen.

Quant au Précis que vous me faites l'honneur de m'adresser contre les incredules, j'aurois sur cet objet beaucoup d'observations à vous faire, que mes occupations ne me permettent pas. Je me bornerai seulement à vous observer 1°. qu'il peut y avoir, ce me semble, des athées de bonne foi, parce qu'on peut être de bonne foi dans une grande erreur. 2°. que l'incredulité peut ne pas toujours venir de l'interêt des passions, mais de ce qu'on a le malheur de ne pas voir bien clairement toute la solidité des preuves du f. 1v christianisme. 3°. que personne n'admet plus les idées innées, ni par consequent celle d'un Etre suprême, qui nous vient d'ailleurs.

J'ai l'honneur d'être avec tout le respect & toute la reconnoissance possible

Monsieur

Votre très humble
& très obeissant serviteur
D'Alembert

à Paris le 7 fevrier 1781

f. 2rAu Reverend Pere
Dom Benoit Aubry,
Benedictin de l'abbaye de
Ste. Epure
à Toul
Trois Evechés