Sélection de lettres
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    [Copie autographe] (affichée) | |||||
London Wellcome, Archives & Manuscripts
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    [Imprimé 1747] | |||||
Reflexions sur la cause generale des vents, Paris, David l’aîné, 1747
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    [Edition 1799] | |||||
Œuvres posthumes de D'Alembert, tome premier, Charles Pougens, Paris, 1799, p. 139-141
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    [Preuss] | |||||
Œuvres de Frédéric le Grand, éd. J.D.E. Preuss, Berlin, Imprimerie royale, 33 vol., 1846-1857, XXIV, p. 368-369
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D'Alembert (Paris) à Frédéric II (Potsdam)
copie, 3 p., Berlin-Dahlem, Rép. 92 Nachlass Adhémar, I. 1.
f. 1r
Sur la cause generale des vents
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Au Roy de Prusse frederic II
Sire
Mon entrée dans une academie que votre Majesté a rendu florissante, et le suffrage public dont un corps si illustre vient d'honorer cet ouvrage, sont les titres sur lesquels j'ose m'appuyer pour vous faire hommage de mon travail : j'espere que ces titres me suffiront auprès d'un Prince, qui favorise les Sciences, et qui se plaît même à les cultiver. La Protection que vous leur accordés, Sire, est d'autant plus flatteuse qu'elle est eclairée. Comme votre Majesté scait animer les talens par son exemple, elle scait aussi les discerner par ses propres lumières : le vray merite l'interesse, parce qu'Elle en connoit le prix, et qu'Elle f. 1v contribüe trop à la gloire de l'humanité pour ne pas aimer tout ce qui en fait l'honneur. Elle appelle de toutes parts ceux qui se distinguent dans la noble carriere des Lettres ; Elle les rassemble autour de son Thrône, et pour mettre le comble aux bienfaits qu'Elle repand sur eux, Elle y joint une recompense superieure à toutes les autres, sa faveur et sa bienveillance. Ainsi ce même Frederic, qui dans une seule campagne remporte trois grandes victoires, soumet un Royaume, et fait la Paix, augmente encore le petit nombre des Monarques Philosophes, des Princes qui ont connu l'amitié, des conquerans qui ont éclairé leurs Peuples, & les ont rendu heureux. Tant de qualités, Sire, vous ont a juste titre merité le nom de Grand dez les premieres années de votre Regne ; vous l'avez en même tems recu, de vos sujets, des Etrangers, et de Vos ennemis : & les siecles futurs, d'accord avec le Vôtre, admireront egalement en vous le Souverain, le Sage & le f. 2r Heros. Puis je me flatter, Sire, que parmi les acclamations de toute l'Europe, Votre Majesté entendra ma foible voix, et qu'au milieu de sa gloire elle ne dedaignera point l'hommage d'un Philosophe ? Si cet hommage ne repond pas à la grandeur de son objet, il a du moins les principales qualités qui peuvent le rendre digne de Vous, il est juste, il est libre, & je ne pouvois le mieux placer, qu'à la tête d'un livre, dont toutes les pages sont consacrés à la verité. Je suis &c.