f. 142rJe vous suis très obligé, monsieur, des articles que vous voulés bien vous charger de faire, je les accepte tous, et je vous prie d'en tenir note, afin de ne les pas oublier, j'en tiendrai une de mon côté, afin que ni moi ni d'autres ne les fassions, ils sont en trop bonnes mains. Notre cinquieme volume paroit depuis quinze jours, & le sixième est deja en train, je compte que nous irons fort vîte, et qu'il paroitra de très bonne heure ; n'oubliés pas gelée blanche, glace, et grêle, mais vous avez du tems, & je vous avertirai. Je suis bien flatté de votre suffrage en faveur de l'Eloge du Pr. de Montesquieu, si cet ouvrage vaut quelque chose, le cœur y a eu plus de part que l'esprit.

M. le Roi ne m'a remis votre lettre que depuis tres f. 142v peu de jours, j'etois même à la campagne lorsqu'il s'est donné la peine de passer chez moi ; c'est ce qui a retardé ma reponse. Je croyois vous avoir remercié du dernier recueil de votre academie, M^r de Fouchy me l'a remis dans le tems ; j'y ay lu avec beaucoup de satisfaction les morceaux dont vous l'avez décoré. Vous vous plaignés de M^r de Fouchi, mais à qui repond-t-il ? Il ne repond pas même au public qui lui demande depuis 10 ans pourquoi nos volumes sont si fort retardés ! Je ne manquerai pas de lui dire que vous attendez de ses nouvelles.

Je n'entens point parler de M^r Duché, je crois pourtant qu'il a recu le même papier que vous. Si son ancienne amitié pour moi n'est pas morte, elle est au moins bien assoupie, f. 143r je vous prie de lui dire que je souhaite bien le bonsoir à ses sentimens, et que si par hasard ils se reveilloient, ils pourroient bien trouver les miens endormis à leur tour.

J'ay l'honneur d'etre avec le plus respectueux attachement & la plus vive reconnoissance, monsieur, votre tres humble & très obeissant serviteur

D'alembert

à Paris ce 6 nov. 1755

f. 144rA Monsieur
Monsieur de Ratte,
secretaire perpetuel de la
Societé Royale des Sciences &c. &c.
à Montpellier