f. 1r

J'ay, mon cher confrere, rendu compte à M. D'argenson de votre lettre, & j'ai ajouté qu'il me paroissoit en effet que vous ne deviez point demander à rentrer dans l'académie ; que la place que vous occupiez pouvoit vous faire regarder juste titre cette demarche comme au dessous de vous, que d'ailleurs ce n'était pas l'academie qui vous avoit exclus, mais le ministre seul, et sans la consulter, et qu'il me paraissoit que le nouveau ministre pouvait de meme vous retablir sans la consulter, puisqu'elle n'etoit pas censée y avoir consenti. M. d'argenson m'a repondu, Qu'il ne demande pas a l'academie, à la bonne heure, mais à moi, son [ami] qui n'ai envie que de l'obliger, ce sont ses propres termes dont [...] pas pourquoi il s'en ferait une peine. Je [...] arriviez bientôt, qu'il vous verroit sans doute et que [...] attendre [jusq]u'a ce moment ; il me le promit et [... au]jourd'hui il m'a mandé d'aller le trouver à [...], & comme il etoit fort accablé de monde, il m'a dit [...] M. Marie m'expliqueroit f. 1vses vûes par rapport à cette affaire. M. Marie m'a dit que M. D'argenson paroissoit disposé à vous faire rentrer dans l'académie sans aucune déliberation, mais que prealablement, il exige une chose de vous c'est votre parole d'honneur que vous ne refuserez pas le titre de Pensionnaire veteran, qu'il se propose de vous faire donner. Cette condition, mon cher confrere, me paroit equitable, & ne peut vous deplaire en aucune sorte. M. d'argenson & vos amis seroient compromis, si vous refusiez, et certainement ce n'est pas votre intention de le faire essuyer ce desagrément. J'attends là dessus votre reponse que je vous prie de faire telle que je puisse la montrer à M. d'Argenson ; il est impossible de me parler de vous avec plus d'amitié qu'il [...] & [...] quelque retour de votre part [...] mieux de lui écrire directement [...] vous le conseille d'[...] question de lui rien demander.

f. 2rMais surtout je n'ai pas besoin de vous recommander, que si vous preniez le parti de refuser, ce que je ne crois pas, tout ceci demeure secret entre nous. M. d'Argenson seroit très faché que votre refus devînt public ; & ce seroit manque non seulement à lui, mais à vos amis, et au zele qu'ils vous ont temoigné dans cette occasion ; encore une fois, mon cher confrere, reponse ostensible, a moy, ou mieux encore à M. d'Argenson, & secret en cas de refus. Je vous embrasse de tout mon cœur, & je serois charmé que le premier acte d'academicien que je ferois, fut de contribuer à votre rentree dans l'academie. Vale et me ame

f. 2v
A Monsieur
[…] Maupertuis