Lettre de Béraud à D'Alembert
p. 201Monsieur,
J'étois à la séance de notre Société lorsqu'on y fit la lecture de votre lettre, dans laquelle vous vous plaignez du discours du P. Tolomas. L'honneur que j'ai d'être correspondant de l'Académie des Sciences dont vous êtes un des principaux ornements, la sincère estime dont je suis pénétré pour votre merite et vos ouvrages, que j'ai lus et que je lis encore avec un nouveau plaisir, m'engagent à vous donner dans cette occasion des preuves de mon zéle pour ce qui p. 202 vous regarde. Je puis donc vous protester, Monsieur, que dans la harangue du P. Tolomas à laquelle j'ai assisté et que j'écoutai attentivement, je ne remarquai rien qui vous attaquât personnellement, rien qui ressentît l'invective et encore moins l'injure. L'auteur dans quelques endroits donna à vos talens et à vos succès les éloges quils meritent : du reste il s'en tint à son sujet. Je vous prie, Monsieur, de vouloir bien ajouter foi à ce que j'ai l'honneur de vous dire. Si j'avois le bonheur d'être connu de vous, je me flatte que vous m'accorderiez cette grâce sans peine ; mais vous avez dans l'Académie quelques-uns de MM. les Académiciens qui ont des bontés pour moi, et j'ose espérer quils voudront bien être, au moins pour cette fois, les garans de ma parole.
Je suis, avec tout le respect possible, Monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur,
Béraud, jésuite
Lyon, le 21 février 1755.