Les Œuvres complètes de D'Alembert (1717-1783)
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Histoire des enfants abandonnés et délaissés
Léon Lallemand, Paris, 1885

PIECES JUSTIFICATIVES : ANNEXE N°1
Pièces relatives à l'exposition et à l'admission aux enfants trouvés
de Jean le Rond surnommé d'Alembert.

On trouve dans la Biographie universelle de Michaud (nouvelle édition, tome Ier, p. 385) les renseignements suivants concernant l'origine de d'Alembert.

" Alembert (Jean le Rond d') naquit à Paris, le 16 novembre 1717, et fut exposé sur les marches de Saint-Jean-le-Rond, église située près de Notre-Dame et détruite maintenant. L'existence de cet enfant parut si frêle que le commissaire de police qui le recuillit, au lieu de l'envoyer aux Enfants Trouvés, crut nécessaire de lui faire donner des soins particuliers, et le confia, dans cette vue, à la femme d'un pauvre vitrier. Peut-être avait-il déjà quelque instruction pour agir de la sorte; car, quoique les parents de d'Alembert ne se soient jamais fait connaître, peu de jours après sa naissance ils réparèrent l'abandon où ils l'avaient laissé..." Mêmes détails dans le nouveau Dictionnaire de la conversation et de la lecture (2ème édition, Didot, 1873, tome VIIè, p. 104).

Ces récits, extraits de l'éloge de d'Alembert prononcé devant l'Académie des sciences par Condorcet, renferment, à côté des vérités, des points inexacts qu'il importe de rétablir.

D'Alembert a bien été abandonné sur les marches de l'église Jean-le-Rond, et le procès-verbal de l'exposition publié plus haut montre que des précautions particulières avaient été prises, car les pauvres êtres délaissés n'étaient jamais placés dans une boëtte de bois; on se contentait habituellement de les poser à terre ou sur un banc. Ceci dit, l'histoire du commissaire qui n'ose faire porter l'enfant à la maison de la Couche à cause de sa faiblesse est absolumment fausse, ainsi que le constate le registre des admissions de l'année 1717; on lit en effet ce qui suit au §. 513 de ce registre sous le n° 1584.

"Jean le Rond, nouveau-né, sur procès-verbal du commissaire Delamare du 16 novembre 1717, donné en nourrice à Anne Freyon, femme de Louis Lemaire demeurant à Crémery:

Premier mois 5 l. pour le premier mois,
fini le 17 décembre 1717
5 janvier 1718 2 l. 5 s. jusqu'au 1er janvier (1718)
que l'enfant a été rendu à ses parents.

"Cet enfant a été rendu au sieur Molin, médecin ordinaire du roy, qui s'en est chargé par acte passé devant Brussel, notaire, le 1er janvier 1718."

Il est donc établi:
1° que d'Alembert a été déposé à la maison de la Couche et mis en nourrice en Picardie pendant six semaines;
2° que ses parents, ne voulant pas trahir leur incognito, choisirent pour le retirer le sieur Molin, Jacques, connu sous le nom de Dumoulin, un des plus célèbres praticiens de son temps.

Les biographes devront à l'avenir tenir compte de ces documents absolument authentiques et inédits, dont l'auteur du présent ouvrage a donné communication à l'Académie des sciences dans la séance du 8 juin 1885.

 
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