Présentation du fonds
L'histoire de ces lettres est rocambolesque : Duché, peu connu des biographes car il n'a rien écrit, apparaissait bien une dizaine de fois dans les 2200 lettres conservées de D'Alembert, toujours un peu mystérieusement, ajoutant par exemple un post-scriptum à une lettre de D'Alembert à Mme Du Deffand (53.18), pour la prévenir que D'Alembert n'a plus la tête tournée par une péronelle... Et voilà qu'un beau jour de la fin du XXe siècle, la bibliothèque municipale de Marseille déménage, devenant la belle BMVR, dite l'Alcazar, et qu'à cette occasion, ses conservateurs avisés découvrent un trésor non répertorié : huit lettres dont une signature permettant d'identifier l'auteur comme notre académicien encyclopédiste. Et encyclopédiques, ces lettres l'étaient ! Anecdotes, vie parisienne, musique, parutions, affaires religieuses et politiques sont brossées d'un trait rapide et enjoué que les contemporains prêtaient en effet à D'Alembert mais qui transparaissait peu dans ses écrits philosophiques et scientifiques, ni même dans l'ensemble de sa correspondance conservée. Oui, en effet, Duché était bien l'ami que l'on pressentait, à qui D'Alembert écrira tout au long de sa vie, plus ou moins régulièrement, et qu'il ira même visiter à Montpellier, pour son seul voyage dans le sud de la France. Car ami de la jeunesse parisienne de D'Alembert, Duché devient dès 1753 le correspondant montpelliérain, attaché à sa ville natale par une charge de procureur. Comment ces quelques lettres nous sont parvenues, y en a-t-il d'autres ? A défaut de résoudre ces mystères, nous pouvons nous délecter dès maintenant de descriptions mordantes entremêlées de plaisanteries allusives dont D'Alembert régalait son ami.